Comment ai-je pu imaginer « qu'une bonne nuit de sommeil allait me remettre d'aplomb » ? « Départ »une nouvelle signée Solange Schneider pseudo Zalma.
Bien sûr, je me pose la même question…
Ma mère a grommelle des mots qui se perdent dans le vent. Pourtant, je sais qu'elle aussi a les larmes aux yeux, quand la fine silhouette de ma fille s'éloigne sur le tarmac, devient de plus en plus petite...
Je commence à pleurer et ma sœur me serre dans ses bras en murmurant :
Mais elle dit ça en tenant la petite Soizic dans ses bras, et elle la berce de la même façon que je le faisais avec Diane lorsqu’elle était bébé. Mes sanglots redoublent pour finir par se calmer quand l’avion décolle, d’abord en roulant tout doucement, puis de plus en plus vite jusqu’à devenir un point minuscule dans le ciel : voilà, c’est « dans l’ordre des choses »…
Au bout d'un moment, nous sortons de notre torpeur pour retourner à la voiture. C'est mon beau-frère qui conduit, en s’énervant comme d'habitude : les enfants sont agités et Lyza a menace Maxence pour la troisième fois :
Ma mère croit bon d'ajouter son grain de sel :
Pierre-Loïc dévisse sa tête d’un quart de tour en criant :
Et Lyza ajoute :
Une demi-heure plus tard, c’est avec soulagement que je claque la portière de la voiture en disant :
Lyza ajoute :
Je pousse la porte de mon immeuble, tourne la clé dans la serrure, et bien sûr, il n’y a plus personne pour m’accueillir. Après avoir ôté mon manteau, je vais à pas feutrés dans la chambre de Diane, pour être certaine qu’elle ne s'y trouve pas. Il y reste à peine la légère odeur de son parfum fleuri, quelques vêtements froissés sur le lit, et une peluche à terre : son petit lion roux à la crinière usée et délavée. Je sens à nouveau les larmes picoter mes paupières.
***
Ce matin, je me lève avec difficulté. Comment ai-je pu imaginer « qu'une bonne nuit de sommeil allait me remettre d'aplomb » ? Non, ça, c'est le discours de ma mère, pas le mien, et encore moins la réalité...
La réalité ressemble à une page blanche, infinie. Une page sur laquelle j'ignore quelle nouvelle histoire je pourrai bien écrire... parce que c'est une page sans ma fille, désormais.
La réalité, c’est ce silence total qui mange toute la place, comme s’il avait dévoré Diane. Voilà, le silence l’a avalée et il se tient devant moi, sur la chaise où s’assoit ma fille d’habitude...
J'attrape ma tasse et bois mon café, parce qu'il faut bien faire quelque chose...