Comme je l'avais prévu, le confinement dure, dure, dure... « Dix, c'est impossible ! »une nouvelle signée Solange Schneider pseudo Zalma.
J'entends des bruits de tiroirs et d'étagères qu'on ouvre et qu'on referme, et des soupirs, interminables...
De longs temps de silence, à nouveau du bruit : on dirait du papier froissé, ou du carton, je ne sais pas trop (sans importance, au fond...)
Un cri : « Oh, non ! Mais c'est pas vrai !! », et des sanglots.
Est arrivé ce qui devait arriver...
Je suis impuissant à modifier le cours des choses.
Hé oui, le temps de confinement se compte à présent en semaines : on en ignore encore la durée exacte.
Heureusement, le magnifique printemps et le soleil frappent aux vitres, emplissant l'air confiné de lumière.
Bruit de fenêtres qu'on ouvre, inspirations, expirations...
L'ambiance semble s'alléger, même si le bruit des tiroirs grinçants persiste.
Comme je l'avais prévu, le confinement dure, dure, dure...
La porte de la salle de bain s'ouvre, se referme brutalement, s'ouvre à nouveau, se referme une dernière fois en un bruit sec : personne n'y est entré, finalement, à part pour se glisser rapidement sous la douche, se sécher à toute allure et quitter la pièce.
Ils se disputent, j'aurais pu le prévoir : impossible de tourner en rond aussi longtemps sans sortir, et sans entrer en conflit.
Une voix masculine, rauque :
Elle répond en criant :
J'entends la porte de la salle de bains qui s'ouvre...
Un remue-ménage, elle s'agace :
(Igor s'est faufilé dans la salle de bains hier soir, je sais très bien ce qu'il y a fait... )
Ils dansent : il paraît que le confinement prendra fin dans quelques jours.
Ils ouvrent les fenêtres, se mettent à chanter comme des fous.
(Ils ne sont entrés dans la salle de bains qu'en coup de vent, pour se brosser les dents et se doucher...)
Il fait nuit, Carole crie sur le balcon, les voisins hurlent eux aussi, plus qu'ils ne chantent. Igor la rejoint, ils se déchaînent, ils semblent heureux...
J'entends des instruments de musique, ils trouent la nuit noire, plus que deux jours et le confinement prendra fin.
La porte de la salle de bains s'ouvre en grinçant, Igor s'énerve :
La voix de Carole est presque suppliante, surtout quand elle demande :
Face à son silence, elle insiste. Je suis sûr qu'elle lui fait ses yeux bruns de chien triste, il n'y résistera pas.
15h 30 :
J'en étais certain : elle a réussi à l'amadouer. Il cède, il à tort, ça va mal se finir, cette histoire...
Il me sort de ma cachette et me pose au sol, sous ses yeux.
15h 35 :
Le hurlement est insupportable.
Après le cri, les larmes intarissables, et pour finir, les accusations :
Igor est lâche, ce n'est pas nouveau. Mais le pire, c'est quand je l'entends dire :
Il dit ça pour avoir la paix, sans aucun état d'âme. Son hypocrisie me fait horreur, surtout quand il ajoute :
En même temps qu'Igor s'apprête à me flanquer à la poubelle, Carole sèche ses larmes et murmure :