On a presque tous entendu parler de Monsieur Terry Pratchett, parfois, malheureusement, à cause de son décès il y a quelques années maintenant.
Le Disque-monde, également connu sous le nom de Discworld en anglais, est un univers fantastique empreint de burlesque qui a été élaboré à partir de 1983 par l’écrivain britannique Terry Pratchett.
Monsieur Terry Pratchett
Terry Pratchett a écrit plus d’une quarantaine de livres se rapportant à l’univers imaginaire du Disque-monde. Vous trouverez écrit partout que ce sont des livres de fantasy, où se mêlent sorciers, dragons, nains, trolls et toutes sortes d’autres créatures. Peut-être n’avez-vous jamais lu ses livres, tout simplement parce-que vous n’aimez pas la fantasy.
Je vais essayer aujourd’hui de vous convaincre de lire au moins de ces livres ;), avec ces trois bonnes raisons.
1°) Peu d’auteurs font preuve d’autant d’humour
Au travers de chacun de ses livres, Terry Pratchett développe sa narration autour de situations ubuesques, franchement ridicules et surtout totalement absurdes. Il ne fait d’ailleurs pas les choses à moitié, chaque dose d’absurdité étant poussée à l’extrême, souvent bien au-delà de toutes espérances.
« Les plantes rétroannuelles sont celles qui poussent à rebrousse-temps. Vous les semez cette année et elles poussent l’année dernière. »
Extrait de « Mortimer », de Terry Pratchett, publié en France aux éditions Pocket
Ces livres sont en quelque sorte des feel good books, dans le sens où cet humour constant fait sourire, voire carrément rire. On ne ressort jamais déprimé de ces lectures. Toutefois, il ne s’agit jamais d’être simplement drôle, mais il y a toujours une pointe d’ironie, de critique derrière chaque trait d’humour.
« Mais, la plupart du temps, il ne faut pas trop se fier à la réalité. Des tas de gens croient qu’Elvis vit toujours, ou que des extraterrestres se posent régulièrement chez nous pour se livrer à des expériences très personnelles sur certains de nos concitoyens, ou que la théorie de l’évolution est une conspiration de scientifiques impies. Presque tous ces gens ont le droit de vote et certains détiennent des armes. Quand on voit les choses de cet œil, le Disque-monde paraît parfaitement inoffensif ».
Extrait de « Vademecum »
La lecture n’est, de mon point de vue, jamais alourdie par cet humour. Au contraire, Terry Pratchett parvient à enchaîner ces pointes humoristiques tout en finesse, sans jamais lasser. Il n’est donc pas étonnant que Terry Pratchett soit souvent désigné comme l’un des britanniques les plus drôles.
2°) Un style et une narration parfaitement maîtrisés
Le style adopté par Terry Pratchett a toujours été précis, calculé, clair et ce, dès les premiers tomes du Disque-monde. Il n’y a jamais vraiment de lourdeur d’écriture, de redites inutiles et toutes ces vilaines fautes de style que l’on peut retrouver même chez des auteurs « aguerris » (je pense notamment au dernier roman d’Olivier Adam » Peine Perdue », où le style adopté peut être vite lassant, même s’il est le fruit d’une démarche artistique assumée).
La narration n’est pas en reste. Terry Pratchett combine aisément son humour avec une trame narrative simple et efficace, condensée. Son incroyable imagination lui a permis de créer un univers unique, avec des lois qui lui sont propres, construit minutieusement au fil des livres. Ses personnages récurrents, tels que Rincevent ou encore le commissaire Samuel Vimaire, sont les anti-héros parfaits (j’assume totalement cette formulation) qui donnent une humanité et un réalisme au récit en dépit de l’absurdité constante.
Style et narration restent modernes : Terry Pratchett s’affranchit souvent des règles usuelles d’écriture (Mort ne s’exprime qu’en lettres capitales, pas de découpage en chapitres…,) et joue allègrement avec les notes de bas de page pour faire ça et là quelques digressions.
« Samuel Vimaire rêvait d’indices. Il voyait les indices d’un mauvais œil. D’instinct, il ne leur faisait pas confiance. Les indices, ça gênait. Et il ne faisait pas confiance aux gars qui, dès le premier regard sur un inconnu, déclarent à leur compagnon d’une voix hautaine :
« Ah, mon cher, je ne peux rien vous dire sinon que c’est un tailleur de pierre gaucher qui a servi plusieurs années dans la marine marchande et a récemment connu des revers de fortune », puis débitent un tas de commentaires dédaigneux à propos de cals, de posture, d’état des chaussures, alors que les mêmes commentaires exactement pourraient s’appliquer à un homme qui porte ses vieux vêtements parce qu’il a effectué un peu de maçonnerie chez lui pour une nouvelle fosse à barbecue, qui s’est fait un jour tatouer en état d’ivresse à dix-sept ans et qui a eu le mal de mer sur un trottoir mouillé.
Quelle arrogance ! Quelle insulte à la diversité infinie et chaotique de l’expérience humaine ! »
Extrait de « Pieds d’Argiles »
3°) La satire sociale
c’est l’un des aspects les plus importants des livres du Disque-monde. Chaque livre s’attache à un ou plusieurs aspects de la société dans le cadre de la trame principale. Ainsi, « la huitième fille » parle d’égalité Homme/Femme, « les Petits Dieux » aux religions monothéistes. Mais cette satire sociale se retrouve également dans toutes les petites réflexions parfois digressives dont il agrémente son récit.
« Les dieux n’aiment pas qu’on ne travaille pas beaucoup. Les inactifs risquent toujours de se mettre à réfléchir »
Extrait des « Petits Dieux »
Cette satire sociale est ce qui différencie fondamentalement l’œuvre de Terry Pratchett par rapport à d’autres, comme celle de J.R.R. Tolkien ou encore de J.K. Rowling, tous classés sous l’étiquette fantasy; elle lui donne une richesse toute particulière.
« La Mort, debout, enfin seul, regarda le blé danser dans le vent. Évidemment, ce n’était qu’une métaphore. Les gens étaient davantage que du blé. Ils traversaient en virevoltant de toutes petites vies bien remplies, mus littéralement par un mécanisme d’horlogerie, leurs journées entièrement dévolues, de la première à la dernière, au simple effort de vivre.
Et toutes les vies faisaient exactement la même durée. Les très longues comme les très courtes. Du point de vue de l’éternité, en tout cas. »
Extrait du « Faucheur »
2 commentaires
Il reste ces publications à lire et relire
^o^ il y a surtout une pétition à signer : https://www.change.org/p/death-bring-back-terry-pratchett