Avec Ce que cela coûte, W.C Heinz [1915-2008], en plongeant dans les profondeurs de sa propre expérience afin de capturer l’essence de son sujet, a écrit une histoire d’amours.
Ce que cela coûte
L’amour d’un boxeur pour les subtilités de son art. L’amour d’un entraîneur pour son poulain, travailleur honnête et noble. L’amour d’un écrivain pour ces deux êtres et la pureté de ce qu’ils insufflent au monde.
Tout de mesure et de détermination, lentement, Eddie Brown se prépare. Après neuf ans sur le ring, son heure a sonné : il va combattre pour le titre. Luttes et sacrifices vont bientôt trouver leur sens lors d’un unique match où le fils d’un maçon pourrait devenir un immense champion. Mais, en attendant, Eddie Brown se prépare.
Et telle une caméra, Frank Hughes, journaliste esthète, suit l’athlète les derniers jours avant le combat. Entraînements, repas, conversations, Frank capture tout des difficultés, des joies et des doutes d’un homme au moment décisif de sa vie, mais aussi de l’intense relation qui le lie à son manager, Doc Carroll, à la fois coach, père et démiurge, qui a attendu toute sa carrière le boxeur qu’il pourra façonner et mener au sommet.
À coups de phrases maigres, de dialogues bruts, d’un style sage et dépouillé, Heinz – tour à tour chroniqueur, correspondant de guerre, journaliste sportif pour les plus grands magazines et romancier –, véritable boxeur des lettres, a jeté les bases de ce qui allait devenir le Nouveau journalisme de Jimmy Breslin, Gay Talese et Tom Wolfe.
Portrait de l’homme en gladiateur de son époque, Ce que cela coûte [paru aux États-Unis en 1958] contient l’immense passion d’une poignée de braves pour ce qu’ils accomplissent envers et contre tout, contre la futilité qui assiège la vie, contre la médiocrité qui salit le geste, contre le mensonge qui ronge tout.
W.C Heinz
Wilfred Charles « Bill » Heinz est né en 1915. Alors que la guerre fait rage, il s’engage et devient, à la fin de l’année 1943, correspondant de guerre et passe de nombreuses semaines à bord d’un porte-avions patrouillant l’océan Atlantique à la recherche de sous-marins ennemis.
Plus tard, Heinz rejoint l’USS Nevada et les bombardements de soutien au débarquement en Normandie. En août 1944, après la capture du correspondant en chef du Sun par l’armée allemande, il le remplace et reste avec les troupes jusqu’à la fin de la guerre. Heinz a soutenu à de nombreuses reprises que cette expérience durant la Seconde Guerre mondiale lui a appris à vraiment écrire.
Après la victoire en Europe, Heinz revient très vite aux États-Unis où le Sun lui accorde une promotion. Suite à la faillite du Sun, Heinz traverse le reste des années 1950 en tant que journaliste indépendant, travaillant tour à tour pour Collier’s, Look, The Saturday Evening Post ou Esquire.
Ce que cela coûte (1958) est sans conteste l’œuvre majeure de sa carrière. Encensé pour son authenticité – Hemingway a même déclaré que le livre était le seul bon roman qu’il ait jamais lu sur la boxe et un très bon roman tout court – , ses dialogues vrais et une profonde compréhension du sport, du journalisme et de ses acteurs, c’est avec Ce que cela coûte que l’auteur transmet nombre de ses croyances essentielles concernant la boxe, sport qu’il voyait à la fois comme une discipline hautement scientifique tout en étant un art à part entière.
Ayant jeté les bases de ce qui allait devenir le Nouveau journalisme, Heinz est vite identifié comme un précurseur du mouvement. Son regard innovant – brisant souvent les conventions par sa nouvelle approche du langage, de la structure et du sujet – avait pour but de capter l’essence de la réalité. Heinz n’a jamais pensé créer un genre en particulier, il souhaitait simplement se concentrer sur l’aspect humain de ses sujets.
À l’âge de 89 ans, il est intronisé au International Boxing Hall of Fame. Il décède le 27 février 2008 à Bennington, dans le Vermont.