Découvrons ensemble un extrait de cette très belle nouvelle « Le problème avec David», du premier recueil de nouvelles « Points de fuite», par Solange Schneider.

Le problème avec David
Extrait
- Dan, il y a un problème avec David…
Je regarde mon fils en train d’assembler ses cubes multicolores, et je ne vois pas ce que cet enfant un peu joufflu pourrait bien avoir comme problème…
- Il n’y a pas de problème avec David.
- Bien sûr que si, Dan… le problème, c’est que tu ne veux pas voir ce qui arrive à David, et c’est tout simplement impossible de continuer comme ça.
David hoche sa tête brune, avec le grand sourire qui m’émeut tant. David est mon fils et j’aime David. Quand il rit, sa bouche part un peu de travers : elle va sur le côté droit, on dirait qu’elle va s’envoler comme un rêve. Et David aime les rêves… Il aime aussi courir dans les champs mais nous n’en avons pas beaucoup : juste d’énormes blocs de béton gris avec des arbres verts plantés ici et là. Et puis bien sûr, il y a le parc immense, où il court en tous sens…
Parfois, je ne sais plus quel âge a mon fils, mais je sais que ses yeux sont un peu différents… quand il regarde les étoiles, ils deviennent aussi verts qu’une vaste étendue d’eau, et c’était exactement la couleur de ses yeux lorsqu’il avait six mois.
Quand il penche son front déjà soucieux sur ses cahiers d’école, je pense que nous l’avons rendu trop vieux un peu trop tôt… Il dit qu’il existe beaucoup de cieux, qu’il ne veut pas les dessiner, qu’il préfère les imaginer…
Parfois, David fait tomber ses stylos et rit trop haut.
Lorsqu’il est triste, son front plisse beaucoup, et quand il souffre trop fort, des larmes chaudes inondent ses joues ; ça peut durer des heures, ce chagrin qui l’étreint. Helen me dit toujours : « Il y a un problème avec David ».
Mais elle le répète moins souvent qu’avant : elle ne vient plus beaucoup nous voir. Je reste seul avec David, dans la maison si grande à présent. Je travaille derrière mon écran, passe des journées entières assis tel un fou derrière son volant et j’écris des histoires que personne ne lira jamais.
Ce sont de belles histoires, et même si elles sont tristes quelquefois, je les chéris comme autant d’amis que je n’aurais pas eus. David me dit que quand il sera grand, lui les lira, et je lui dis « merci » parce que j’aime ça : cette certitude qu’il y aura au moins un jour un homme sur cette terre qui lira mes mots….

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6 commentaires
C’est peut etre un alien ?
Il faut lire le livre pour avoir la réponse.
j’imagine l’angoisse
Elle est perceptible dans les mots judicieusement choisis par Solange.
Très prenant, on a envie de lire la suite. Je vais vois si je peux l’avoir avec ma liseuse. Bon lundi
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