Tous les mercredis, Yves Carchon, écrivain, nous ouvre son univers littéraire, en nous offrant le plaisir de la lecture d'une nouvelle ou d'une micro-fiction.

Impair et casse
C’était au temps où je jouais aux cartes avec ces dames. Côté cœur, j’avais quelques atouts. Mais côté charme, j’étais souvent capot, pour ne pas dire K.O.
Pourtant, ces joueuses émérites m’embarquaient dans leurs folles parties et il n’était pas rare que je dorme chez elles. En tout bien, tout honneur. Au matin, je n’avais plus un sou en poche. Ruiné, une fois de plus.
Je m’éclipsais, défait, pendant qu’elles sommeillaient encore. Le jeu — de cartes, mais aussi la roulette, le Baccara et le Blackjack — était notre passion commune. Et maintes fois, j’y ai laissé des plumes. A chaque fois, je devais me refaire.
Elles me savaient accro, prêt à jouer très gros. Au casino, c’était la fête. Elles dans leurs robes de soirées, moi en smoking, nous nous amusions comme des fous. Ça finissait chez elles, tard dans la nuit, autour d’un ultime poker.
C’est là que je rendais les armes.
Plus affûtées que moi, rompues aux mille ruses, elles me pillaient. J’aurais pu oublier ces joueuses, les laisser à leurs jeux frénétiques. Mais non !
A chaque fois, je me mettais dans de beaux draps. Je pensais au Joueur de ce pauvre Dostoïevski, auquel hélas je m’identifiais avec quelque dégoût.
Heureusement, ces dames se riaient de moi, goûtant ma compagnie, cherchant parfois des yeux mon ombre comme on surveille un chien.

Une micro-fiction signée Yves Carchon, écrivain, auteur de "Riquet m'a tuer", de "Vieux démons", de « Le Dali noir », et de son dernier polar « Le sanctuaire des destins oubliés »
6 commentaires
des parties fines……
bientôt autorisées… avec le masque bien sûr…
les dangers d’ être accroc
absolument
Un excellent texte d’Yves Carchon.
La dernière partie en jeu serait elle un poker menteur ?
Bonne journée
C’est bien possible