Voici un poème qui dit tant et tant de choses sur ces « femmes en blanc », mais qui, il va de soi, concerne aussi les « hommes en blanc »…
En ces temps difficiles, c’est un chant de douleur offert à celles et ceux qui se dévouent et qui sont là pour nous, toujours…
Bonne lecture ! Et puis surtout : ne les oubliez pas…
LES FEMMES EN BLANC
Le ciel est noir, le jour, la nuit,
La lumière n’éclaire pas et l’encre sèche mes larmes,
Mouillent la feuille et mes yeux pleurent encore…
Dans le silence assourdissant s’allonge ma colère
Tel un serpent rampant.
Le ciel est noir ce soir ainsi qu’il le sera demain
Matin
Quand je saurai une fois de plus, une fois de trop
Que tes mains ne livreront pas
Le bon combat.
Et ma colère s’allonge tel un serpent rampant
Dans le silence assourdissant.
Je regarde le ciel ocre, d’or et de blés mélangés
Et notre faim d’espoir,
De libertés
Et de vie retrouvée tandis que toi,
Dans le silence rampant du soir,
Tu voudrais taire ma colère !
Mais elle ne s’éteint pas, elle enfle et gronde,
Ce n’est plus un serpent, c’est une foule
Radieuse et dense,
Folle et vivante
Comme aux premiers instants de vie,
De cris.
Elle cherche ces femmes en blanc,
Ces femmes qui l’ont mise au monde,
Qui l’on accouchée, dans la sueur, le sang, les larmes
Amères parfois, mais elles tenaient l’enfant,
Toujours, entre leurs mains
Et leurs vêtements blancs.
Où sont-elles aujourd’hui ? Ne me dis pas qu’elles courent,
Cheveux dans le vent fou du soir
Sans lumière,
Qu’elles courent ainsi dans le vent
De misère,
Parce qu’on leur a ôté le prix de la vie,
Leur chair, leur sang,
Ce qu’elles ont accouché des années durant !
J’entends la colère des rues qui ne chante plus
En ce jour maudit de nuit,
Ce triste jour où on a dit aux femmes en blanc :
« Partez ! »
Oui, « Partez ! » est ce mot terrible
Qui hurle dans la nuit noire des tourments,
Il crie « Pourquoi ? »
Et il demande justice, réparation,
Il crie famine, et il demande :
« Comment vais-je nourrir mes enfants ? »
Ce cri dans la nuit du silence où toi aussi
Tu t’es tu, choisissant d’exposer ton œuvre
Comme si de rien n’était…
Comme si le monde n’avait pas changé,
Et que tu habites la rue ou un ailleurs n’y change rien,
Ne te dédouane pas de ta lâcheté,
Du vent que tu avales dans le silence assourdissant
Où tu t’es enfermé, désormais.
Elles passent devant toi, les femmes en blanc,
La tête haute, le front puissant,
Elles te regardent de haut, toi qu’elles ont :
Bercé, soigné, accouché de tes maux…
Tu les as oubliées, mais elles ne t’oublient pas,
Jamais.
Elles goûtent encore le sel de ton front où coule
Non pas le lait et le miel
Mais le sang lourd de la trahison.
Copyright Solange Schneider-Zalma
Un poème signé Solange Schneider pseudo Zalma écrivain, auteur de « Chemins étranges », « Points de fuite », et « Demain, tout ira bien ! » et « Ma vie en rouge et noir »
6 commentaires
c’ est terrible de se sentir impuissant
C’est vrai
Eddie Barclay en a eu un paquet …..
aussi
Un tres beau poème pour rendre hommage à ces femmes en blanc .
oui…