T’en souviens-tu, Mikhalkov ? un poème signé Solange Schneider qui a une résonnance particulière en ces temps troublés.
T’en souviens-tu, Mikhalkov ?
Demain, lorsque nous pleurerons nos morts,
Il sera trop tard pour ceux qui dorment dans la poussière
D’un mauvais sommeil peuplé de cauchemars,
D’un « oui » donné un peu trop vite,
Un assentiment arraché en même temps que le cœur,
Rouge et vif de vie autrefois…
Qu’avons-nous fait pour qu’ils nous quittent si vite ?
Ou bien plutôt, qu’avons-nous négligé ?
Sous le poids de nos consciences qui vacillent,
Se trouve la vérité.
Celle que nous portons sur le dos tel un fardeau
Dont nous voudrions nous débarrasser
Mais nous ne le pouvons pas.
Elle crie, nous appelle à nous-mêmes,
Nous emporte dans un flot nouveau,
Pour peu que nous nous arrêtions quelques instants,
Que nous écoutions attentivement :
Un bruissement doux dans les feuilles des arbres verts,
C’est le printemps qui chante,
Il vient toujours après l’hiver…
Il crie sa vie et sa lumière par-dessus
La fonte des glaces et des neiges
Qu’on croyait éternelles, mais elles ne le sont pas :
Elles ne sont qu’illusion recouvrant les consciences endormies,
Elles ne sont qu’éphémères…
Car sous la neige, il y a l’espoir qui rue dans les brancards,
Le savais-tu ?
Il se moque de l’état de ton bras, le savais-tu ?
Il marche devant toi et ouvre le chemin, simplement,
Sans autre intention que celle de ne pas nuire,
Il l’a écrit sur ses cahiers d’enfant…
Il se souvient encore de la leçon apprise, sur les bancs d’écolier,
Écrivant un long poème, oui il s’en souvient :
C’était un poème d’espoir long comme le bras,
Et comme la liberté,
Interminable comme l’hiver quand on croit qu’il n’aura pas de fin…
Il finira pourtant, et l’herbe verte nous couvrira
De bonheur et de joie,
D’images naïves, de soleils enfantins,
Du bruit des petits pieds nus et courant sur le sol joyeux,
La terre battue de nos aïeux,
Mille fois piétinée et qui a résisté aux soleils verts ou rouges,
Aux mille soleils trompeurs, t’en souviens-tu, Mikhalkov ?
Il vient un jour où le soleil éblouit la nuit
Si fort qu’elle s’en évanouit,
Malgré les fantômes incandescents qui l’habitent encore,
Ils finiront par mourir aussi et nous laisser vivre en paix,
Simplement vivre et goûter le monde tel qu’il est,
Sa terre mouillée de rosée et son ciel changeant :
Du moment qu’il ne ment pas,
Nous pouvons alors accepter ses nuages imparfaits,
Pour peu qu’on l’entende respirer :
Un son paisible, un fil ténu et qui murmure
Dans le vent fécond…
Un poème signé Solange Schneider pseudo Zalma écrivain, auteure de « Chemins étranges », « Points de fuite », et « Demain, tout ira bien ! » et « Ma vie en rouge et noir »
6 commentaires
c’ est ainsi, flore, faune, humains, le principe est le même, il y a la naissance, il y aura la mort !
Mais l’ idéal, serait qu’on n’empêche pas l’ entre-deux
intéressant
Solange ne néglige rien et est très prolifique
merci pour le compliment
Superbe poème…. douce journée
avec plaisir