Parce qu’il arrive que nos proches ne soient pas aussi fiables qu’on l’imagine, parce qu’il arrive, parfois, qu’on fasse confiance… trop confiance…
Extrait du recueil « Ma vie en rouge et noir »
La suite se trouve dans le recueil « Ma vie en rouge et noir », aux Editions L’Ire de l’Ours. Bonne lecture et bons frissons !
Dans la fournaise
Je vois ses yeux, devine sous son masque vert un sourire grimaçant. Un bruit aigu déchire mes tympans, le sang bat mes tempes tandis que j’entends sa voix, tel un écho malsain qui sort de sa bouche déformée :
- Ça va, Karine ?
Il connaît mon nom, il me connaît bien, forcément… et il sait que je suis incapable de répondre : une partie de mon visage est paralysée. Si je le pouvais, je hurlerais, le son de ma peur déchirerait le ciel, il aurait peut-être pitié de moi.
Je fixe le plafond, d'une blancheur d'hôpital. Le néon aveuglant inonde mon visage comme une phosphorescence prête à m'engloutir. Ici, tout est blanc, à part le masque vert qui camoufle en partie le visage de ce fou.
La pièce sent l'éther ou le formol, je ne sais pas… Mes yeux parcourent les murs immaculés, cherchent une issue de secours mais semblent aveugles et ne voient rien.
Le bruit aigu de la fraise reprend, de plus en plus fort, traverse mon corps et glace mon sang, tandis que la chaleur écrasante plaque mon dos contre le cuir synthétique du fauteuil.
Pourquoi l'ai-je suivi ? Pourquoi ai-je quitté cette terrasse ombragée où nous étions attablés tout à l'heure, avec un verre de thé glacé que je sirotais distraitement, observant les carrés transparents fondre peu à peu dans le liquide jaune clair ? Je l'écoutais à peine, il me parlait sans cesse, ses yeux sombres brillaient d'excitation quand il disait « mon cabinet ».
***
C'est trop tard, maintenant… Je sens ma transpiration acide ; elle dégouline le long de mon dos, de mon corps tout entier, mon corps si lourd que je ne peux presque plus bouger : mes jambes et mes bras ne m'obéissent plus.
L’eau salée de ma sueur colle au siège, la nausée m’envahit soudain.
Lui, il enfile des gants en latex transparent et répète calmement :
- Ça va, Karine ?
Sa voix caverneuse me fait horreur, à présent. Je n’aurais jamais dû accepter ce rendez-vous, encore moins le suivre dans « son cabinet ». Derrière son masque, il continue de parler :
- Attends, ne bouge pas… je vais injecter une dose un peu plus forte.
Il pointe l’aiguille vers le haut, un peu d’anesthésiant s’en écoule, il s’approche, ses yeux fixent les miens et je sais, à cet instant précis, qu’il est encore plus fou que ce que j'avais imaginé. Oui, fou à lier.
Juste avant de m’endormir, un son animal sort de ma gorge, une terreur rauque, sans nom, sans fond. Si je pouvais anéantir ce fou, je le ferais, mais je sombre dans le noir…
***
Il fait nuit quand je m’éveille dans la chaleur moite, la bouche pâteuse et tous les muscles ankylosés. J’entends une voix joyeuse :
- Alors, ça va mieux ? Plus de peur que de mal, ma cousine !
Je sens que ma langue fonctionne à nouveau normalement, je peux enfin parler, répondre à mon cinglé de cousin. Mais la peur me retient, un instinct de survie viscéral, le même que celui que j’avais, lorsque nous étions enfants et que Daniel s’approchait de moi dans la pénombre. Je sentais, je savais qu’il était dangereux…
Une nouvelle signée Solange Schneider pseudo Zalma écrivain, auteure de « Chemins étranges », « Points de fuite », et « Demain, tout ira bien ! » et « Ma vie en rouge et noir »
5 commentaires
C’est une nouvelle étrange et bien écrite. Avec qui est-elle vraiment ?
Solange nous donnera peut-être la réponse…
Coucou Ecureuil Bleu !
Alors, pour connaître la suite, et surtout la fin de cette nouvelle, c’est dans ce petit recueil : https://www.amazon.fr/Ma-vie-en-rouge-noir-ebook/dp/B09HQ7HDQQ
Bonne lecture ! (=
pour moi, une aiguille est un cauchemar !
ah pourquoi ?