Des personnes détenues de la prison de Réau (Seine-et-Marne) ont récemment participé au jury de la 1ʳᵉ édition du prix littéraire Esprits libres – Fondation Université Paris Cité.
Marie Vingtras, lauréate du prix littéraire Esprits libres
Composé de 8 personnes, hommes et femmes, le jury était cette année présidé par Nancy Houston, lauréate 2020 pour son ouvrage Lèvres de pierre (Actes sud-2018) et a choisi de décerner le prix à Marie Vingtras pour son ouvrage Blizzard (l'Olivier-2021).
Se déroulant sur six mois, de janvier à juin, cette initiative mobilise un jury mixte qui se réunit une fois par mois pour débattre de l'un des livres de la sélection. L'animation de ces séances est assurée par deux universitaires, Régis Salado, professeur de littérature comparée, et Valérie Guiraudon, professeure agrégée et responsable du Diplôme d'Accès aux Études Universitaires (DAEU) à Université Paris Cité. Ils sont épaulés par Valérie Petit et Karen Letourneau, respectivement responsable du Développement culturel et responsable de secteur à la Médiathèque départementale de Seine-et-Marne.
Les ouvrages et les auteurs en lice cette année :
• Blizzard, Marie Vingtras (L'Olivier, août 2021)
• Le Droit du sol. Journal d'un vertige, Étienne Davodeau (Futuropolis, octobre 2021)
• Ultramarins, Mariette Navarro (Quidam éditeur, août 2021)
• Seyvoz, Maylis de Kerangal et Joy Sorman (Inculte, janvier 2022)
• Connemara, Nicolas Mathieu (Actes Sud, février 2022)
• Enfant de salaud, Sorj Chalandon (Grasset, août 2021)
• Feu, Maria Pourchet (Fayard, août 2021)
La remise du prix aura lieu le vendredi 21 octobre 2022 à 14 h 30 au centre pénitentiaire Sud Francilien de Réau (77) en présence de Marie Vingtras.
Prix littéraire Esprits libres
Ce prix est une initiative originale d'Université Paris Cité et de sa Fondation. Depuis plus de 40 ans, l'Université agit pour la diffusion du savoir et de la culture auprès de ceux qui en sont éloignés. Elle est actuellement l'une des seules universités françaises à disposer d'un service dédié à l'enseignement en prison. La Fondation Université Paris Cité, créée en 2020, soutient et accompagne les projets de son université en milieu carcéral.
La clé de la réussite de ce prix réside d'abord dans la qualité du travail fourni par les jurés dans la durée. Pour chacune des séances, les membres du jury lisent attentivement l'ouvrage concerné, qui leur a été remis à la séance précédente.
La réussite du Prix tient aussi à la possibilité qu'il donne de « faire entrer » concrètement la littérature française contemporaine en prison et de permettre un contact direct entre les détenus et les écrivains, lauréat ou président du jury.
L'expérience de participer à cette activité a d'abord un effet transformateur sur le temps de la détention, transformation qui est liée à la durée et à la régularité des échanges autour des livres que permet le Prix.
À cet égard, il faut souligner que le protocole mis en place permet de créer, au sein de l'espace de la détention, un lieu de liberté et de sociabilité où chacun est amené à s'exprimer en tant que subjectivité et à dialoguer avec les autres.
En tant qu'action se déroulant sur plusieurs mois, le Prix joue aussi un rôle de formation des lecteurs que sont les membres du jury. Si les membres du jury ont tous a priori le goût de la lecture, ce goût s'approfondit, s'affine, se précise et peut ainsi devenir, au fil des séances de travail, une véritable compétence.
Les actions culturelles, comme celles initiées pour le prix littéraire Esprits Libres, sont organisées par les services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP) en lien avec le chef d'établissement pénitentiaire et les structures culturelles dans le cadre d'un partenariat avec le ministère de la Culture et de la communication.
Ces pratiques s'inscrivent dans les missions de prévention de la récidive et de réinsertion confiées à l'administration pénitentiaire.
Le prix est organisé en partenariat étroit avec l'administration pénitentiaire, et particulièrement le service pénitentiaire d'insertion et de probation de Seine-et-Marne et le centre pénitentiaire sud francilien, avec le soutien de la médiathèque départementale de Seine-et-Marne.