À l’ombre des bois de Bourgogne, le village de Haut-de-Cœur cache bien des secrets. Dans « Les Malvenus », son premier roman, Audrey Brière nous transporte en 1917, au cœur d’une époque sombre marquée par les affres de la Première Guerre mondiale. Avec une écriture immersive et une intrigue foisonnante, l’autrice offre bien plus qu’un simple polar. Ce roman noir, teinté de fantastique et de mélancolie, explore les tréfonds de l’âme humaine et les liens complexes qui unissent les habitants d’un village presque figé dans le temps.
Un meurtre qui dévoile les ombres du passé
Tout commence par la macabre découverte d’un corps : Thomas Sorel, un homme détesté par presque tout le village, est retrouvé égorgé dans une cave. Ce crime brutal, loin de susciter la compassion, semble soulager la majorité des habitants de Haut-de-Cœur. Pourtant, Matthias Lavau, inspecteur de police formé à Lyon, refuse de laisser cette affaire irrésolue. Orphelin recueilli jadis par les religieuses du majestueux couvent des Ursulines, Lavau est un homme hanté par une mémoire prodigieuse qui rend chaque souvenir indélébile.
Son enquête, menée aux côtés d’Esther Louve, une assistante à l’aura mystérieuse, met rapidement en lumière un réseau dense de secrets enfouis depuis des décennies. Haut-de-Cœur se révèle être une véritable poudrière, où les passions, les rancœurs et les vices des habitants s’entrelacent dans un ballet troublant.
Le couvent des Ursulines : un épicentre intrigant
Le village est dominé par la présence imposante du couvent des Ursulines, un lieu à la fois refuge et source d’angoisse. Depuis des décennies, ce couvent recueille des enfants abandonnés, qui finissent souvent par rester dans le village, liés à jamais à ce lieu. Pourtant, cette institution à l’allure protectrice dissimule elle aussi ses propres mystères.
Esther Louve, l’assistante de Lavau, semble entretenir un lien singulier avec cet endroit. Portée par une motivation intense et bardée de douleurs secrètes, elle avance dans l’enquête comme une force insaisissable. Protégée de loin par un loup énigmatique qui hante les bois alentours, elle personnifie à elle seule l’ambiance mystérieuse et angoissante du roman.
Une époque de transitions et de tensions
1917 n’est pas une année comme les autres. Alors que la guerre ravage l’Europe, des évolutions techniques commencent à révolutionner le domaine des enquêtes policières. Audrey Brière décrit avec minutie les balbutiements de la police scientifique : empreintes digitales, fiches anthropométriques et analyses minutieuses prennent une place centrale dans l’intrigue.
Ces avancées, encore peu connues à l’époque, permettent à Lavau et Esther de démêler des fils que beaucoup auraient préféré laisser enchevêtrés. Pourtant, ces outils modernes ne suffisent pas à expliquer les énigmes qui se multiplient. Il faut plonger dans le passé trouble du village, explorer les traumatismes collectifs et individuels pour espérer approcher la vérité.
Une galerie de personnages marquants
Les habitants de Haut-de-Cœur forment un microcosme fascinant. Tous, sans exception, portent des fardeaux émotionnels lourds et dissimulent des secrets bien gardés. Lavau, avec sa mémoire élephantesque, est à la fois un atout et une menace pour lui-même, constamment tiraillé entre objectivité et instincts personnels.
Esther Louve, quant à elle, crée un contraste saisissant. Sa perspicacité et sa force tranquille en font une enquêtrice atypique, presque mystique. Les autres villageois ne sont pas en reste : de la pieuse prieure du couvent à l’inquiétant maire, chacun joue un rôle dans ce récit où le noir domine.
Une atmosphère à couper le souffle
L’hiver glacé de Haut-de-Cœur, avec ses tempêtes de neige et ses nuits interminables, constitue un décor parfait pour cette intrigue oppressante. Audrey Brière excelle à décrire cette ambiance lourde et immersive, où chaque souffle de vent semble chuchoter des vérités oubliées. Le village lui-même devient un personnage à part entière, avec ses ruelles sombres, ses maisons décrépites et ses habitants figés dans une existence quasiment médiévale.
Une enquête entre présent et passé
À mesure que l’intrigue avance, le passé revient hanter le présent. Les secrets enfouis remontent à la surface, dévoilant des vérités parfois insoutenables. Audrey Brière joue habilement avec les temporalités, alternant entre flashbacks et avancées de l’enquête. Si ce choix peut de temps en temps perturber le lecteur, il ajoute une profondeur inédite à l’histoire.
Chaque révélation amène son lot de surprises, tenant les lecteurs en haleine jusqu’à la dernière page. Les rebondissements sont nombreux, mais jamais gratuits. Ils servent une intrigue complexe et émouvante qui ne cherche jamais la facilité.
Conclusion : un talent prometteur
Avec « Les Malvenus », Audrey Brière signe un premier roman remarquablement maîtrisé, à la fois noir, poignant et captivant. Ce livre est bien plus qu’une simple enquête : c’est une plongée dans les méandres de l’humanité et un hommage à une époque oubliée.

Titre : Les Malvenus
Autrice : Audrey Brière
Nombre de pages : 352 pages
Date de parution : 3 février 2023
Editeur : Seuil
Collection : Cadre noir
EAN : 9782021513240
Alors, qu’avez-vous pensé de cette atmosphère sombre et des personnages intrigants ? Partagez vos impressions et échangez vos théories en commentaire. Audrey Brière a su vous captiver : à vous de jouer maintenant !
4 commentaires
Je suis toujours preneuse pour lire un bon polar et apparemment c’est le cas…
C’est un excellent polar.
Ce titre semble mêler habilementpolar, atmosphère prenante et sombre, et des personnages bien campés et mystérieux. Cela donne envie !
Oui, et le tout en 1917.