📖 Les Miens de Sergueï Chargounov : un voyage littéraire au cœur de l’âme russe.
Il existe des livres qui se contentent de raconter des histoires, et puis il y a ceux qui tissent un lien indélébile entre mémoire familiale et mémoire nationale. Les Miens de Sergueï Chargounov appartient à cette seconde catégorie : une fresque puissante où le destin individuel reflète les bouleversements d’une Russie en mutation.
À travers le prisme de quatre générations, Chargounov compose un récit vibrant, où les silences du passé rencontrent les voix du présent. Des petites anecdotes du quotidien aux grands événements historiques, il nous offre un kaléidoscope intime, révélant les failles, la grandeur et les espoirs d’un pays souvent énigmatique.
Entre l’ombre des répressions et la lumière des souvenirs familiaux, ce livre est bien plus qu’un témoignage : c’est un hommage à une Russie multiple, profonde et insaisissable. Une invitation à plonger dans cette chronique, à écouter les murmures du passé et à comprendre, à travers les yeux de Chargounov, ce qu’il reste de l’âme russe aujourd’hui.
Prêt à embarquer pour un voyage littéraire bouleversant ? ✨
Les Miens : Une mémoire familiale pour raconter l’histoire d’un pays
Et si comprendre la Russie d’hier et d’aujourd’hui passait par l’intimité d’une mémoire familiale ? C’est le pari audacieux et bouleversant que relève Sergueï Chargounov dans Les Miens, un recueil de vingt récits traduits du russe par Bertrand Hédouin, préfacé par Antoine Volodine. En filigrane, c’est tout un pays, avec ses blessures, ses révoltes, ses grandeurs et ses contradictions, qui prend corps à travers les portraits d’ancêtres, de proches et de figures historiques.
Derrière les souvenirs personnels, il y a une fresque. Celle de la Russie sur plus d’un siècle. Une Russie passionnée, tiraillée, parfois brisée, mais toujours debout.
Un héritage raconté avec émotion
Dans Les Miens, Chargounov ne se contente pas d’aligner les souvenirs. Il les sculpte dans une prose poétique, lumineuse, fidèle à la mémoire sensible des siens. Loin de toute nostalgie creuse, il rend hommage à ceux qui l’ont précédé : écrivains, prêtres, cinéastes, militaires, poètes, paysans… tous incarnent une parcelle de l’âme russe.
Vous y découvrirez des portraits ciselés avec tendresse et gravité, entre ombre et lumière. Le recueil s’ouvre sur un événement marquant : l’incendie de son appartement en 2017, après une prise de position politique. Une bibliothèque qui part en fumée, avec elle les icônes, les visages encadrés de ses aïeux. De cette perte naît un besoin irrépressible de transmission : donner à lire ce que l’Histoire, intime et collective, a déposé en lui.
Deux lignées, deux visages de la Russie
L’une maternelle, baignée dans la culture et l’intellectualisme soviétique. L’autre paternelle, enracinée dans la foi orthodoxe et la terre russe. Entre ces deux pôles, c’est tout un pays qui se dessine, partagé entre progrès et tradition, idéaux révolutionnaires et croyances profondes.
Côté maternel, les noms évoqués parlent d’eux-mêmes : Alexandre Fadeïev, écrivain et fondateur de l’Union des écrivains soviétiques ; Valeria Guerassimova, sa grand-mère ; ou encore le réalisateur Sergueï Guerassimov. Ces figures croisent celles d’icônes de la littérature et de l’histoire russe : Anna Akhmatova, Agnia Barto, Vassili Rozanov, Anastassia Tsvetaeva…
Côté paternel, c’est la figure du père de l’auteur, Alexandre Chargounov, qui domine. Ancien interprète devenu prêtre orthodoxe en 1978, il renonce à la poésie pour servir l’Église. Antisoviétique convaincu, il imprime des bibles clandestinement, cache des ossements impériaux dans son église, et fustige la société contemporaine. À travers lui, Chargounov aborde avec pudeur mais conviction la question de la foi, de la transmission et du sens dans un monde en mutation.
Quand la petite histoire rencontre la grande.
Ce qui rend Les Miens si puissants, c’est cette capacité à faire résonner les détails d’une vie avec les soubresauts de l’Histoire de l’URSS. La guerre civile, les purges staliniennes, la Grande Guerre patriotique, l’effondrement de l’URSS, le Donbass… tous ces événements trouvent une résonance dans les trajectoires individuelles des membres de la famille de Chargounov.
Mais l’auteur ne se limite pas à sa généalogie. Il évoque aussi ses propres expériences, notamment ses voyages aux États-Unis, en Corée du Nord ou dans l’Est de l’Ukraine, où il croise des visages ordinaires, porteurs d’histoires silencieuses. Ces récits font de Les Miens un véritable album de famille élargi, une galerie de portraits dans laquelle chaque lecteur peut, d’une manière ou d’une autre, se reconnaître.
Les Miens : Une œuvre de transmission
Chargounov ne cherche pas seulement à se souvenir. Il veut transmettre. À son fils d’abord, à qui il dédie certains passages. Aux lecteurs ensuite, à vous, qui découvrez à travers ces pages ce que signifie grandir avec un tel héritage.
Il s’adresse à vous non pas comme un auteur surplombant, mais comme un témoin. Un témoin humble, habité par la volonté de restituer la complexité d’un pays que l’on caricature souvent. Sa Russie n’est ni celle des slogans, ni celle des oppositions binaires. C’est une Russie vivante, faite de contradictions, de douleurs, de ferveur, de beauté, et d’amour.
Sergueï Chargounov : Une plume poétique pour une vérité humaine
La langue de Chargounov, même traduite, conserve une intensité remarquable. Rythmée, imagée, fréquemment mélancolique, mais jamais désespérée, elle épouse le rythme des souvenirs, des silences, des non-dits.
Avec finesse, il glisse du récit à la réflexion, de l’évocation poétique à l’analyse historique. Il ne cherche pas à tout expliquer. Il préfère suggérer, éclairer, relier. Ce style, à la fois littéraire et accessible, permet au lecteur d’entrer dans l’univers de l’auteur comme dans une maison où chaque objet, chaque photo, chaque livre brûlé possède une histoire à raconter.
Les Miens : Un voyage dans l’âme russe
Entre passé et avenir, la mémoire comme boussole
Les Miens n’est pas seulement un recueil littéraire. C’est un acte de foi dans le pouvoir de la mémoire. Une tentative courageuse et touchante de faire parler les absents pour mieux comprendre les vivants. En donnant voix à ses aïeux, Sergueï Chargounov interroge l’identité russe, son enracinement, ses fractures et ses continuités.
Dans un monde où la mémoire se fragmente et se dilue, cette œuvre nous rappelle combien il est vital de se souvenir. Pas seulement pour honorer les morts, mais pour éclairer les vivants. Pas pour idéaliser le passé, mais pour en tirer les leçons.
Vous aussi, vous avez sans doute des figures qui vous habitent, des histoires familiales que vous portez. Quelles sont-elles ? Comment influencent-elles votre regard sur le monde ?
Titre : Les miens, Petites et grandes histoires de Russie
Auteur : Sergueï Chargounov
Traducteur (russe) : Bertrand Hédouin
Préface : Antoine Volodine
Nombre de pages : 432 pages
Date de parution : 07/02/2025
Editeur : Les Éditions du Canoë
ISBN 978 2 487558 038
Et vous, quelle est votre histoire familiale ?
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2 commentaires
Un livre qui en effet a l’air intéressant et raconte tout un pan de l’histoire de la Russie. Merci pour la découverte.
De rien.