Regarder, toute une affaire ? Neuf secondes, c’est en moyenne le temps accordé à une œuvre par les visiteurs des musées. Pourquoi l’art ne parvient-il pas à capter davantage notre attention ?

Regarder une œuvre d'art et aimer ça
Pratiquer la Cérémonie du regard
En guise de réponse à cette question, Véronique Antoine-Andersen propose à tous les amateurs d’art une méthodologie simple et accessible intitulée la Cérémonie du regard. Un protocole attentionnel et visuel engageant le corps, l’intuition, le sensible, l’attention et l’intelligence du visiteur de manière à lui faire éprouver l’œuvre et vivre, à son contact, une expérience globale.
Les deux pratiques qui le composent, « l’appareil photo » et « le dialogue silencieux », sont décrites étape par étape, permettant de se mettre en présence de l’œuvre, de la regarder avec attention et d’entrer en contact avec elle.
Franchir le seuil du musée, se détendre, ouvrir le regard, profiter de la visite… un plaisir à la portée de tous !
Préface de Claire Merleau-Ponty
« Regarder, toute une affaire.
Une visite au musée est une aventure à ne pas prendre à la légère… Elle peut être très réjouissante si le visiteur est prêt, corps et âme, à ouvrir grand les yeux selon un protocole très étudié dont ce texte nous livre le secret.
Lors d’une promenade au musée, le visiteur vient découvrir et contempler des œuvres d’art et des objets patrimoniaux, mais sait-il vraiment les regarder de façon à en profiter le mieux possible ?
Pour éprouver de l’émotion, pour savourer et accéder au plaisir au contact des œuvres, il s’agit d’être capable inconsciemment d’observer attentivement les expositions, de recueillir leurs images, de les accompagner jusqu’au cerveau et de les analyser. Pour réaliser ce processus complexe, il est souhaitable d’être en mesure d’exploiter toutes ses compétences physiologiques et intellectuelles. Dans un premier temps, il ne s’agit pas d’acquérir un savoir sur les œuvres exposées, mais de savoir les regarder. […] Le savoir, la connaissance, l’apprentissage proprement dits n’ont leur place que lorsque l’œil a acquis toutes ses compétences face aux œuvres. Grâce à ce regard apprivoisé et instruit naîtront, au contact de l’œuvre : émotions, sensations, appréciations, puis envie et besoin d’apprendre. »
Sommaire
Comment pratiquer la cérémonie du regard
Franchir le seuil du musée
Premier préliminaire : détendez-vous !
Deuxième préliminaire : ouvrez le regard !
Troisième préliminaire : interrogez votre désir !
Entrez dans l’exposition
La cérémonie du regard, une immersion dans les œuvres
La pratique de l’appareil photo
La pratique du dialogue silencieux
Pourquoi la cérémonie du regard ?
Je n’ai rien vu !
Brouter l’art en solitaire
Déficit visuel et déficit attentionnel
Le musée : un lieu de l’attention
Claire Merleau-Ponty [extrait de la préface]
« Regarder une œuvre d’art est une expérience incarnée qui se pratique à la première personne et engage votre être tout entier, l’essentiel se jouant dans cette relation personnelle, névralgique et ouverte. Et pourtant, combien de fois, en tant qu’amateur d’art, vous êtes-vous arrêté devant une toile sans parvenir à entrer en contact avec elle et à établir un échange véritable ? L’œuvre est restée muette. En dépit de la prééminence de la vue sur nos autres sens, il n’existe pas d’immédiateté du regard, voilà pourquoi regarder une œuvre d’art s’avère beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. L’art de voir n’est pas une chose innée, c’est un savoir élaboré qui s’acquiert par un entraînement approprié et régulier.
Une observation fine et renouvelée des publics au sein de plusieurs musées m’a permis d’identifier chez un grand nombre de visiteurs deux déficits qui s’alimentent l’un l’autre, et participent indéniablement de leur difficulté à regarder l’art. Il s’agit principalement d’un manque de méthode dans la façon d’aborder une œuvre qui entraîne irréductiblement une baisse de présence et d’attention. D’où l’objet de ce livre : proposer à tous les visiteurs individuels, désireux d’approfondir et d’élargir leur relation à l’art lors d’une visite muséale, un format de visite autoguidée, d’un genre totalement innovant, consistant en un protocole dénommé « Cérémonie du regard » dont la mise en pratique permet de dépasser ces déficiences et d’élargir la perception esthétique. »
Véronique Antoine-Andersen [extrait de l’introduction]
Véronique Antoine-Andersen
Véronique Antoine-Andersen, après des études d’histoire de l’art, a travaillé au Musée en Herbe, au Centre Pompidou, à la Halle Saint-Pierre et à la Cité de l’architecture et du patrimoine auprès des publics. Commissaire de l’exposition Art Brut et Compagnie, la face cachée de l’art contemporain, elle a publié plusieurs ouvrages sur l’art chez Actes Sud Junior et Conversation avec Kitty Crowther aux éditions Pyramyd.
Claire Merleau-Ponty
Claire Merleau-Ponty est cofondatrice du Musée en Herbe, enseignante en muséologie à l’École du Louvre et chef du service international à l’École du Louvre.
12 commentaires
L’oeil du photographe même amateur perçoit des ombres ou des lignes invisibles à d’autres hi hi hi
Par contre, je n’arrive pas à faire une cérémonie du regard sur le « street art » comme ils disent ! Je n’aime pas ce pseudo art qui ne me donne aucune émotion…et qui même me donne un sentiment d’agressivité.
@+ Pat
Ah comme dans tous le styles il y a du bon et du moins bon. je suis certain qu’il y a des œuvres de Street art qui pourraient te bouleverser.
Tuas lu « Les secrets du tableau de Van Eyck » de Jean Philippe Postel ? Un sacrée façon de regarder ! Bon, il faut plus de 9 secondes !
Ah non je ne l’ai pas lu.
Difficile de se concentrer s’ il y a du monde !
Et je pense que c’ est l’ oeuvre qui devrait nous capter
Il faut se créer sa bulle.
http://www.lefestivaldulivre.fr
merci pour le lien
Très interessant ce billet, je pense que pour aimer les musées il faut y être allé tout enfant. J »y emmène ma petite fille qui adore, mais aussi on aime ou pas, en tout cas moi je cours les expos…. je ne m’en lasse pas
Tu as tout à fait raison, les enfants ont leur place dans les musées.
je ne prends pas mon appareil photo ni dans un musée ni dans une expo. quand c’est sublime je goûte et prends le temps..
goûter avec les yeux, un vrai délice