Le 27 août prochain, les éditions La Découverte publieront la traduction d'une pièce de James Baldwin restée inédite en français : Blues pour l’homme blanc, préfacé et traduite par Gérard Cogez, professeur de littérature à l’Université de Lille. Elle sortira sur le label Zones.
Blues pour l'homme blanc
James Baldwin a écrit cette pièce (la seconde après Le Coin des “Amen”) comme un cri de révolte en réaction à l’assassinat de son ami Medgar Evers (1925-1963), militant des droits civiques, abattu devant son domicile de Mound Bayou, Mississippi, par un suprémaciste blanc le 12 juin 1963.
L’accumulation des meurtres racistes perpétrés aux États-Unis (dont la mort de quatre jeunes filles noires âgées de onze à quatorze ans dans un attentat à la bombe contre une église baptiste de Birmingham, Alabama, le 15 septembre 1963) constitue l’arrière-plan contre lequel Baldwin a décidé de s’insurger sur la scène, même si le théâtre n’est pas son genre de prédilection.
La quasi-impunité qui suit ces actes sera l’élément déclencheur d’un travail où il tente de placer le peuple américain tout entier devant ses responsabilités.
C’est le meurtre atroce en 1955 d’un adolescent de quatorze ans, Emmett Till, que James Baldwin décide d’évoquer dans ce texte : « Dans ma pièce », écrit-il en 1964,
« au moment de la parution et de la création sur scène de Blues for Mister Charlie, il est question d’un jeune homme qui est mort ; tout, en fait, tourne autour de ce mort. Toute l’action de la pièce s’articule autour de la volonté de découvrir comment cette mort est survenue et qui, véritablement, à part l’homme qui a physiquement commis l’acte, est responsable de sa mort.
L’action de la pièce implique l’effroyable découverte que personne n’est innocent […]. Tous y ont participé, comme nous tous y participons. »
De tels dénis de justice sont-ils encore possibles de nos jours ? Telle est la question que la pièce de Baldwin pose toujours, plus de cinquante ans après sa création. La réponse à cette question ne fait aucun doute. La destruction dont parle Baldwin se poursuit aujourd’hui.
James Baldwin
James Baldwin, romancier, essayiste et dramaturge américain, est né à Harlem en 1924. En 1948, il quitte New York pour la France et la Suisse où il écrit son premier roman, La Conversion (1953), Chronique d’un pays natal (1955), La Chambre de Giovanni (1956), La Prochaine Fois, le feu (1963), Harlem Quartet (1979) figurent parmi ses œuvres majeures.
Dans les années 1960, Baldwin est très engagé dans le mouvement des droits civiques aux États-Unis.
La décennie suivante, il s’installe en France, à Saint-Paul-de-Vence, où il meurt en 1987.
Gérard Cogez
Le traducteur et préfacier, Gérard Cogez, est professeur de littérature à l’Université de Lille. Il a travaillé, entre autres, sur Michel Leiris et Aimé Césaire.
C’est ce dernier qui l’a incité à s’intéresser à l’œuvre de James Baldwin. Après lui avoir consacré divers travaux et articles, il prépare actuellement sa biographie.
4 commentaires
Encore une pièce qui doit donner à méditer et se poser des questions …
Bon début de semaine avec des bisoux, cher bernie.
oui c’est une pièce qui a une vraie force
Rory Gallagher, Gary Moore, Eric Clapton, Jonny Winter, Popa Chubby, Calvin Russel, Dr John, Tony Joe White….il y en a des bons des bluesman blanc….
Bon Lundi
Pat
aussi