Les textes d’hier peuvent déranger certains lecteurs d’aujourd’hui. Pourquoi certains méritent-ils tout de même d’être transmis et d’autres abandonnés ? Dans cet essai, Hélène Merlin-Kajmann livre sa réflexion à l’heure de #Metoo et du trigger warning.

La littérature à l’heure de #Metoo
La critique face aux vertiges de l'identification et du consentement
La littérature se tient-elle au-delà du bien et du mal ? La modernité le proclame depuis les procès de Madame Bovary et des Fleurs du mal.
Aujourd’hui, ce droit à la transgression est remis en question au nom de nouvelles valeurs : respect des sensibilités, militantisme culturel, assignation de toute fiction à une expérience réellement vécue.
L’effet du mouvement #MeToo sur la manière dont on lit les œuvres est à cet égard exemplaire.
En 2017, des agrégatifs se demandèrent comment lire et enseigner une pastorale du XVIIIe siècle mettant en scène un viol présumé : ce fut l’affaire Chénier.
En 2020, l’affaire Matzneff soulevait la question de la valeur littéraire de la représentation d’actes sexuels pénalement répréhensibles. Aux États-Unis, l’exigence du trigger warning enjoint les universitaires de signaler à leurs publics les textes au programme dont le contenu pourrait raviver chez eux d’éventuels traumatismes.
Hélène Merlin-Kajmann explore la complexité des justifications engagées dans ce nouveau régime du jugement esthétique. Loin de défendre la littérature pour son « progressisme » ou de la condamner pour bienséance « politiquement correcte », comme y encourage la polarisation idéologique des débats, il s’agit ici de plaider qu'un texte vraiment littéraire n'agit pas à la lettre et que ce jeu de la lecture nous libère et nous lie.
En librairie le 8 octobre 2020
Hélène Merlin-Kajmann
Hélène Merlin-Kajman est une spécialiste du XVIIe siècle dont les travaux tissent depuis près de trente ans une théorie de la littérature originale, exigeante et « transitionnelle ».
Héritière du formalisme critique, sa réflexion dialogue avec les sciences sociales, la philosophie et la psychanalyse. Si l'historicité de la culture s'y trouve si profondément repensée, c'est pour ouvrir les œuvres du passé à de nouveaux partages par la lecture et par l'enseignement.
Elle a publié aux Éditions d'Ithaque : L'Animal ensorcelé. Traumatismes, littérature, transitionnalité (2016). Elle est en outre l'auteure de La langue est-elle fasciste ? (2003) et de Lire dans la gueule du loup (2016).
6 commentaires
Je suis pour la liberté des écrivains qui doivent pouvoir s’exprimer sur tous les sujets et prévenir le public que certains sujets peuvent choquer ! Bon week-end
je suis d’accord
la littérature est le reflet de la société
je le pense aussi
Metoo des extrémistes toxiques….
Bon Samedi
Pat
pas tous et toutes