Tous les mercredis, Yves Carchon, écrivain, nous ouvre son univers littéraire, en nous offrant le plaisir de la lecture d'une nouvelle ou d'une micro-fiction.
Il m’arrive de penser à toi, Marilyn…
Il m’arrive de penser à toi, Marilyn. Non, pas comme beaucoup. Non, pas comme ça. Trop de souffrances ont émaillé ta vie. Et trop de salopards ont saccagé ta courte route. Je sais, tu as lutté avec tes petits poings…
Souvent, je pense à toi, c’est vrai. Non pas comme une icône sexuelle. Plutôt comme une lectrice. J’ai appris que tu avais découvert Joyce et d’autres grosses pointures de la Littérature mondiale. Que tu avais du goût pour la lecture. Tu étais à coup sûr une magnifique lectrice.
Mais toutes les lectrices sont magnifiques ! Je t’imagine, tournant les pages et t’arrêtant dans ta lecture, inclinant ton beau front où reposait une mèche de tes cheveux. Des yeux rêveurs, loin, loin, de la chiennerie dégradante.
Tu étais blonde, à ce qu’on dit. L’étais-tu réellement ou t’étais-tu couler dans ce rôle de poupée qu’on t’avait assigné ?
Tu as aussi laissé quelques carnets. Je l’ai appris un jour au détour d’un article. Tu griffonnais aussi des notes et des pensées. Des impressions.
Bref ce qui t’émouvait et nous laisse tout chose aujourd’hui.
Comme tu l’as deviné sans peine, il m’arrive de t’écrire en pensée. A chaque fois je sais qu’aucune de mes lettres n’arrivera, que jamais l’une d’elles ne finira dans l’eau de ta piscine.
Le mystère est bien là. Les palmes de la villa où l’on t’a cantonnée t’ont fait ombrage, le bleu du ciel hollywoodien a obscurci tes jours. Et tes nuits sans sommeil ont terminé souvent entre deux eaux, bourrée de somnifères, abandonnée par de peu reluisants et misérables amants.
Ô Marilyn ! Il m’arrive de penser à toi, à ton corps bafoué. Il m’arrive de me dire — pour peu qu’on ait daigné te laisser vivre, que j’aurais pu t’avoir comme lectrice.
Une micro-fiction signée Yves Carchon, écrivain, auteur de "Riquet m'a tuer", de "Vieux démons", de « Le Dali noir », et de son dernier polar « Le sanctuaire des destins oubliés »
4 commentaires
les carnets importants de Marilyn ont disparu tres vite…….
Bon Mercredi
Et ce n’est pas un hasard…
mouais, ce n’était pas une vierge effarouchée non plus, et personne ne l’ obligeait de se payer les Kennedy
Et réciproquement.