Huit nouvelles, huit passagers parmi d'autres, huit numéros de siège, pas d'autre point commun que d'être embarqué dans le même tube d'air comprimé à 10 000 mètres d'altitude. A priori…
Vol AF 17 pour New York
La préface de Claire Folcolini, agrégée de lettres spécialiste de Shakespeare, met le doigt sur un fil rouge tragique qui semble traverser la quasi-totalité de ces histoires.
Quasi seulement.
L’une d’entre elles fait exception.
« Sur fond de tragique, Bertrand Ploquin fait grincer sa plume et s'applique à gratter le vernis du quotidien. Face à l'échec, au deuil et à la folie, les personnages s'envolent vers leurs vies imaginaires avec une certaine fantaisie.
Les adultes se comportent comme des enfants, enfants qu'il faut câliner et rassurer tandis que les plus jeunes se rêvent en superhéros. Au tragique s'ajoute le jeu.
L'auteur s'amuse à démolir à grands coups de masse les carapaces de protection des plus endurcis pour laisser affleurer la sensibilité́. Les héros dépourvus ou dépossédés des oripeaux de leur ancienne vie sociale libèrent leur force créatrice et fictionnelle. »
Extrait de la préface, signée Claire Folcolini
agrégée de lettres spécialiste de Shakespeare
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Huit nouvelles « atmosphériques »
La genèse du livre
En 2019, alors que la maison Scenent vient de naître, un recueil de nouvelles déjà publié à compte d’auteur tombe entre nos mains. L’univers est hispanisant, fêtard, contemplatif, et au moins deux des dix-sept histoires méritent vraiment le détour.
Ayant rencontré un des co-auteurs et lui ayant fait part de notre intérêt, non pas pour ledit recueil, mais pour sa plume, nous tombons d’accord pour lancer un nouveau projet d’écriture.
Deux ans plus tard, nous envoyons le résultat à l’imprimeur. Le livre est sorti jeudi 17 juin.
« AF17 pour New-York », par Bertrand Ploquin
Quand on prononce le mot Atmosphère, on pense tout de suite à Arletty. Peut-être n’est-ce pas un hasard si Bertrand habite à la Garenne Colombes, à deux pas du lieu où l’actrice a grandi.
Car les textes de Bertrand plongent leurs lecteurs dans un univers décalé, les transportent ailleurs en leur donnant à voir l’un après l’autre les petits détails qui leur font réaliser que leur décor a changé.
Dans la page de remerciements à la fin du volume, on note l’équipe du Bar Hemingway. Ça colle. Ambiance feutrée, odeur discrète d’encaustique et reflets des bouteilles de whisky rares évoquent le comptoir mis en scène dans la nouvelle sobrement intitulée « Le Bar », mais un bar en plein ciel, ce qui change tout.
Extrait (23 L)
« Je sais, ça a l’air stupide : j’ai peur en avion. Oh ! pas tout le temps : surtout au décollage. Avec quand même aussi une bonne trouille à l’atterrissage. Et une angoisse totale entre les deux. À part ça, ça va. On me pardonnera, je ne suis qu’une enfant.
Bien sûr, vous vous dites que pour une super héroïne qui sait voler, avoir peur en avion, c’est n’importe quoi. Franchement, je suis bien d’accord. »
Extrait (Le Bar)
« Les barmen qui accédaient au bar de la première avaient quelque chose en plus.
Le lieu était exceptionnel : siroter un Bellini au Taittinger Comtes de Champagne 2008 à 10 000 pieds d’altitude ne relevait ni du snobisme ni d’une suave décadence, mais d’un raffinement supérieur.
C’était trinquer avec les dieux. »
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