Voici, en ce début d’année, un poème qui parle de neige, d’un vase et de fleurs coupées… mais pas seulement…
C’est un poème qui dit tant et tant, et si peu à la fois !
Alors, c’est finalement à chacun de l’entendre à sa façon, de le comprendre avec ses propres émotions, jusqu’à le faire sien, en marchant dans la neige ou bien aux premières couleurs d’un printemps qui, nous l’espérons, ne sera pas éteint…

LES PREMIERES NEIGES
Aujourd’hui, ce sont les premières neiges
Et je suis triste dans mon pays.
Les toits sont tristes et gris et sales
De la laideur du monde qui ne se cache plus,
Même pas un peu sous la blancheur immaculée.
Bien au contraire, elle se donne en spectacle,
Tendant ses vaines promesses tel un appât,
Même si plus personne n’est dupe…
Il faut accuser une ombre famélique,
Coupable des malheurs du monde,
Mais cette tristesse qu’elle porte sur son dos
N’est autre que la tienne, la mienne, la nôtre.
La terre de nos ancêtres est grise, ou parfois pire :
Elle est noyée de sang.
Le rouge des innocents, de ces jeunes âmes conquises
De discours vains et fous,
Sans cesse martelés.
Depuis le temps, l’espoir ne m’habite plus,
Mais il faut le garder vivant,
Dans nos mémoires,
Comme un roi défiant le temps…
Il y a ces fleurs et ce vase posés sur la table,
Sans aucune raison,
Sans même que nous sachions pourquoi.
Pourquoi.
Pourquoi nous avons coupé la vie, le temps,
Les fleurs sauvages qui poussaient dans les champs,
Ivres et libres de ciel bleu,
Malgré la brutalité des orages, parfois.
Je marche sur la neige endormie,
Encore fraîche de la marque de mes pas,
Jusqu’à ce qu’une autre neige les recouvre et qu’on oublie :
Mes pas, les traces dans la neige qui disaient « je suis là »,
D’une petite voix à peine audible
Mais qu’on pouvait entendre en prêtant l’oreille.
La neige assourdit mes pas, recouvre tout,
La noirceur et la pâleur des aubes infernales,
Jusqu’à ce que nos mémoires oublient les marques du temps,
Les pas que nous faisions et la vie elle-même,
Qui s’écoulait entre nos doigts :
Sable beige fait de roches éreintées,
Sable bercé par les flots de la mer engagée dans ses tumultes,
Enragée lorsqu’il le faut : un nécessaire impossible à abolir…
Zalma-Solange Schneider

Un poème signée Solange Schneider pseudo Zalma écrivain, auteure de « Chemins étranges », « Points de fuite », et « Demain, tout ira bien ! » et « Ma vie en rouge et noir »
6 commentaires
il faut bien reconnaître que plus ça va, moins on y croit
ça change
la neige j’aime bien la voir de loin ….
Elle est rare vers chez toi
Merci pour ce tres beau poème .
avec plaisir