« Les Tribulations affectives » de Santiago Galera : un premier roman qui porte un regard décapant sur le féminisme, ce nouveau catéchisme contemporain.
Les Tribulations affectives
Trois sœurs vivent leur vie de célibataire. L’aînée et sa sœur cadette sont des inconditionnelles du féminisme. Cependant, la dernière des sœurs bouscule les conventions du féminisme.
Dans les Tribulations affectives, Santiago Galera questionne la solitude des femmes, et en dépit des crises qui affectent nos sociétés et les femmes en général, bien au-delà du procès d’intention, il ouvre l’intimité de ses personnages.
Une démarche qui lui permet de bousculer les paradigmes du féminisme. Au fil des chapitres, il tente de démêler le vrai du faux, interroge le livre d’Eugénie Bastié Adieu mademoiselle, commente Simone de Beauvoir et admire Hannah Arendt qui défendait la différence entre les sexes.
Néanmoins, l’auteur comprend les motivations des femmes modernes. Dans tous les cas, il est conscient que le mot « féminisme » revient à cette capacité de choisir, puisqu’il s’avère être une composante de la subjectivité.
Synopsis
Qu’en est-il des femmes émancipées ? Dans notre société où certaines ont décidé de prendre leur destin en main, Anna et Béatrice Monceau se sont affranchies de l’autorité masculine.
En dépit de leur père qui s’inquiète du célibat de ses filles, il s’interroge sur la destinée des femmes modernes. Pourtant, la dernière de ses filles bouscule les conventions du féminisme. Contre vents et marées, Cécile Monceau – cette insoumise secoue les paradigmes de la génération féministe. Parfois, elle fait preuve d’ironie, car cette hussarde méprise les idoles du progressisme.
Au programme : l’affaire Weinstein, Jacqueline Sauvage, la publicité des rasoirs Gillette, bref, une histoire dans une histoire. Dans ce livre avec lequel Maxence devient, sous la plume du narrateur, un écrivain qui s’accomplit dans le cadre des lettres françaises, il se félicite pour sa résistance à l’échec.
La question du célibat sur fond de mort du patriarcat
« Quelques chiffres : selon l’Insee, la France compte désormais 38 % de femmes célibataires et 44,8 % d’hommes seuls. »
Au sein d’une famille parisienne, Anna et Béatrice Monceau ne parviennent pas à jeter leur dévolu sur l’homme de leur rêve.
La première travaille dans le secteur bancaire, la cadette dans l’édition. Toutefois, leurs attentes se transforment en amertume.
En revanche, Cécile qui exerce la profession de conceptrice-rédactrice possède l’ironie qui permet de déjouer les pièges du féminisme.
Anna et Béatrice souffrent de solitude, elles sont des ambitieuses qui s’interrogent. Ces célibattantes parlent du prince charmant et rêvent d’un certain George Clooney. Pourtant, elles sont des féministes convaincues. En réalité, elles ignorent qu’elles cherchent un homme à forte valeur ajoutée. Qu’est-ce qu’un homme à forte valeur ajoutée ? Dans notre société où le marketing a envahi l’ensemble de notre société, elles espèrent se faire épouser par un homme prospère socialement et financièrement, c’est-à-dire supérieur à elles-mêmes.
Si les héroïnes de ce livre ont choisi de vivre leur vie, un été, Anna Monceau décide de partir en vacances à Saint-Domingue avec son amie Sylvie. Cette cadre supérieure s’est offert les services sexuels d’un gigolo. Une évidence : la plage de Saint-Domingue attire les Françaises, les Italiennes, les Allemandes, les Suissesses en mal de séduction.
Ainsi, Sylvie a payé dix mille pesos pour une nuit d’amour avec le fameux Yari. Les Européennes indépendantes financièrement vont à Saint-Domingue pour remédier à leur solitude affective. Dans ce roman dans lequel l’auteur commente la mort du patriarcat, il est également question de l’émancipation des femmes.
Dans un siècle où elles réclament l’égalité des sexes, Cécile Monceau qui ne mâche pas ses mots, préfère parler de complémentarité des sexes. En revanche, elle raille la sologamie, puisque son amie Aline vient de se marier à elle-même. Selon Cécile qui décrypte les codes de société, les sologames sont des narcissiques incapables de s’investir amoureusement.
Le féminisme, une composante de la subjectivité
Dans cette œuvre de fiction, le patriarche de la famille, Boris Monceau, a des convictions. Cet ancien professeur à la Sorbonne n’arrive pas à comprendre les motivations de ses filles. Il se désole des conséquences de l’individualisme des femmes des temps modernes.
Ce lecteur assidu de l’œuvre de Roger Nimier est un homme d’une autre époque. Certains jours, il redoute la fragilité d’Anna qui se cherche et qui confond la forme et le fond. Concernant Béatrice, il appréhende la PMA, car elle parle d’enfant et souhaite faire un séjour au Danemark. Ses filles sont l’objet de ses craintes, et il s’attriste de leur solitude.
Cécile, qui ne confond pas les rêves et la réalité, exerce sa profession en indépendante. Elle n’est pas dupe et son métier, qui consiste à vendre du rêve à des gens qui n’ont pas de rêves, lui fait entrevoir une triste réalité : les limites de la vie. Si elle refuse la sologamie, elle méprise le polyamour qui consiste à vivre plusieurs histoires amoureuses avec des personnes en même temps. Cécile, qui fustige le féminisme, pense qu’en dépit des droits acquis, ces femmes revendiquent des droits imaginaires.
Sommaire
Prologue – Chance ou hasard ?
Première Partie – La question du féminisme
- Les femmes modernes
- La sologamie
- Le docteur Freud
- La masculinisation des femmes
- Conceptrice-rédactrice
- Le tableau de Courbet
- Une typologie d’hommes
Deuxième partie – La mort du patriarcat
- La liberté d’aimer
- L’obsolescence de l’homme
- Qu’est-ce que la normalité ?
- L’égotisme au féminin
- Les illusions de la liberté
- La devise confucéenne
- La perfection au masculin
Troisième partie – L’éternel féminin
- L’éternel féminin
- Premier janvier
- La question du simulacre
- La crise des berceaux
- La différenciation des sexes
- Les femmes ukrainiennes
- Choisir sa vie !
- Un géniteur sur catalogue
Épilogue – L’éternel feuilleton
Extraits
« À Paris, Anna ne trouve jamais d’homme à la hauteur de ses attentes, et voilà qu’à Saint-Domingue, le premier des gigolos qui la complimente trouve grâce à ses yeux. » …
« En somme, elle veut être dans une norme sociale, mais au sujet du célibat, elle ne se fait pas d’illusion, car il existe un flou entre le célibat neurasthénique et la monotonie du mariage qui perdure au fil des années. Elle connaît le proverbe : « Quand la pauvreté entre par la porte, l’amour sort par la fenêtre. » À ses yeux, le mariage est une mystification et, question amour, il n’est qu’une sublimation qui s’amenuise au fil du temps. » …
« Depuis des années, elle cherche un idéal de vie, c’est-à-dire l’amour idéalisé et l’épanouissement personnel. Quand des prétendants tentent désespérément de la séduire, elle leur trouve des défauts physiques et vestimentaires ; concernant la question de l’emploi et de l’argent, ils ne sont jamais à la hauteur de ses souhaits. » …
« Aujourd’hui où chacun est isolé, les hommes tentent de séduire les femmes via internet. De toute évidence, ce monde a perdu de sa spontanéité et de son ouverture à autrui. Un homme qui aborde une femme ne signifie pas qu’il nourrit de la violence déguisée à l’égard de la gent féminine. » …
« Si les femmes slaves refusent d’adhérer au discours féministe, dans la grande majorité, ces femmes traditionnelles préfèrent les valeurs familiales qui représentent à leurs yeux la stabilité. Elles ont dû s’adapter aux réformes économiques et sociales menées par le président de l’URSS Gorbatchev, et à partir de 1991, elles ont découvert que certains hommes n’avaient pas su s’adapter à un monde en mutation. » …
« Parfois, Cécile a le sentiment que la vie des modernes est semblable à un roman, et dans le cas d’Aline, sa vie se limite à presque rien. Elle attend tout et rien, c’est-à-dire qu’entre le vide et le plein, elle ne parvient pas à trouver un équilibre. Elle parle de ses espoirs et, paradoxalement, elle n’attend rien de la vie. » …
« Les femmes ont transformé ou détruit leur nature intrinsèque et, au nom de la liberté, elles ont mis de côté leur féminité. En quelque sorte, elles sont devenues des tueuses dans l’âme, et à la différence des lionnes qui chassent pour nourrir leurs lionceaux, la femme postmoderne chasse pour elle-même. »
Portrait de l’écrivain Santiago Galera
Né à Nantes, Santiago Galera est féru de littérature et de philosophie. Il a étudié la pensée de Nietzsche et a exploré en long et en large l’œuvre de Robert Musil.
Dans les années 1980, il a participé à des stages d’été à l’École du Louvre. Cet inconditionnel des opéras de Mozart et de Wagner a le sentiment que l’art lyrique réenchante la vie.
Après avoir travaillé comme concepteur-rédacteur, il a créé, dans les années 2000, une agence-conseil en communication.
Les Tribulations affectives
Santiago Galera
232 pages
Éditions BoD, 2022
2 commentaires
ce qui me parait sur, c’ est qu’hommes et femmes se complètent physiquement, même si certaines se contentent de gods
Et tu peux même dire certains aussi…