Dans les dédales envoûtants d’Istanbul, le roman « Un meurtre ordinaire » de Meltem Budan Nalbant transporte les lecteurs dans un voyage à la fois captivant et glaçant. Au cœur de cette intrigue, Ada et Haruka nous entraînent entre les ruelles tortueuses de la ville, où se mêlent meurtres brutaux, secrets ancestraux et une intolérance persistante.
Un Meurtre Ordinaire à Istanbul : Entre Histoire et Intolérance
Le récit s’ouvre sur une citation éloquente, soulignant la fragilité de la frontière entre l’individu et le collectif face à l’intolérance. Le père d’Ada, protagoniste principale, semble prophétiser l’atmosphère qui plane sur Istanbul. La narratrice et son amie Haruka, armée d’une épée et d’une expertise en médecine légale, se lancent dans une enquête poignante après le meurtre d’une parente âgée.
« Son père avait bien raison. Alors qu’un individu pris isolément est capable de comprendre l’erreur de son mépris à l’égard de ce qui n’est pas « de chez lui », comment un pêché commis collectivement peut-il si aisément apparaître légitime ? Comme s’il avait lu dans les pensées de Serhat, Barba continua à grommeler. – Ces meurtres empestent le racisme, dit-il, la peur écarquillant ses yeux. Ça se déchaîne de nouveau ! Que Dieu nous protège… »
Le meurtre semble être le dernier d’une série ciblant des femmes arméniennes âgées, plongeant Ada dans une quête pour démêler les fils de l’histoire complexe de sa famille. Rapidement, un suspect est appréhendé, mais le doute persiste : est-ce réellement le coupable ?
« Lorsque l’une de ses parentes âgées est assassinée, Ada quitte Paris pour revenir à Istanbul. Elle est accompagnée de son amie Haruka, épéiste et experte en médecine légale. Le meurtre paraît appartenir à une série de crimes dirigés contre de vieilles femmes arméniennes. Bientôt, un suspect est arrêté, mais est-ce bien le coupable ? Au fur et à mesure de leurs recherches, Ada et Haruka mettent au jour des rancœurs devenues torrents de haines et qui ont traversé les années pour venir briser les destins. »
À travers leur enquête, Ada et Haruka dévoilent un réseau complexe de rancœurs transmises de génération en génération, formant des torrents de haine qui ont traversé les années pour briser les destins des innocents. Le récit offre ainsi une réflexion profonde sur l’intolérance, le racisme et la manière dont les erreurs collectives peuvent être légitimées.
« Un meurtre ordinaire » de Meltem Budan Nalbant se distingue par sa capacité à mêler l’intrigue policière à une réflexion sociale poignante, offrant aux lecteurs une plongée captivante dans les méandres de l’histoire et de l’âme humaine.
Meltem Budan Nalbant, l’autrice
Après avoir consacré de nombreuses années à sa carrière de rédactrice en chef et productrice à la radio, Meltem Budan Nalbant fait ses premiers pas dans le monde littéraire en 2014 avec la publication de son tout premier roman. Animée par une réflexion profonde sur la tolérance, elle explore les méandres de l’âme humaine et les dynamiques sociales dans ses œuvres.
Son quatrième roman, intitulé « Un Meurtre Ordinaire (Katil Usak) », voit le jour en Turquie grâce aux éditions Aya. À travers cette œuvre, Meltem Budan Nalbant met en lumière notre relation avec autrui, plongeant dans les mécanismes complexes par lesquels un ami, un voisin, ou un collègue peut soudainement devenir une figure haïe. Son écriture, empreinte de sensibilité et de profondeur, questionne les fondements de la tolérance dans la société contemporaine.
Au fil de sa carrière, Meltem Budan Nalbant se positionne comme une auteure engagée, explorant les thèmes universels qui transcendent les frontières culturelles. Son parcours, marqué par la transition de la radio à la littérature, témoigne de sa diversité d’expression artistique et de sa volonté de susciter la réflexion à travers ses écrits.
Un meurtre ordinaire
Meltem Budan Nalbant
296 pages,
Éditions du Panthéon, 2023
ISBN : 978-2-7547-6442-1
En conclusion, « Un meurtre ordinaire » de Meltem Budan Nalbant transcende les frontières du genre policier pour offrir aux lecteurs une exploration profonde des dynamiques sociales et historiques. À travers les personnages d’Ada et Haruka, le roman révèle les cicatrices d’une intolérance persistante, mettant en lumière les conséquences dévastatrices des erreurs collectives et des haines transmises de génération en génération.
Les ruelles envoûtantes d’Istanbul deviennent le théâtre d’une enquête palpitante, révélant non seulement les méandres d’un mystère criminel, mais aussi les fissures invisibles de la société. La citation initiale soulignant la légitimation aisée des péchés collectifs résonne tout au long du récit, invitant le lecteur à réfléchir sur les parallèles avec notre propre réalité.
« Un meurtre ordinaire » ne se contente pas d’être un simple thriller, mais plutôt une exploration profonde des racines de l’intolérance et du racisme, et de la manière dont ces forces destructrices peuvent se manifester de manière tragique. À travers le prisme de l’enquête d’Ada et Haruka, le roman met en lumière l’urgence de briser le cycle de la haine et de promouvoir la compréhension et la tolérance.
En fin de compte, Meltem Budan Nalbant offre aux lecteurs un récit captivant qui va au-delà des conventions du genre, laissant une empreinte durable par sa capacité à susciter la réflexion sur les thèmes universels de la justice, de l’intolérance et de la rédemption. « Un meurtre ordinaire » s’impose ainsi comme une œuvre littéraire qui transcende les frontières culturelles, invitant chacun à examiner de près les failles de notre propre société.
6 commentaires
La couverture est très belle et tu me donnes très envie de découvrir cette auteure que je ne connais pas. Merci pour la découverte de ce roman et le sujet très intéressant
Elle va pouvoir commettre un autre livre avec la France comme base
et encore Istanbul est la ville la plus philosophiquement occidentale et opposé à Erdogan ..
La couverture est très jolie et l’histoire très intéressante, ça semble beaucoup plus original qu’un thriller classique. ^^
Belle semaine. 🙂
J’ai adoré Istambul et ton choix m’intrigue!!!!!!
Bonjour Bernie, un roman policier qui n’a pas l’air mal du tout et moi qui ne connait pas Istanbul… En tout cas, bon réveillon.