Dominic Nolan, auteur britannique reconnu pour sa plume immersive et percutante, nous livre avec Vine Street un roman policier d’une intensité rare. Encensé par la critique, notamment par le Sunday Times, ce troisième ouvrage nous transporte dans le Londres des années 1930, en plein cœur du quartier de Soho. Entre corruption policière, crimes sordides et guerre imminente, Vine Street est une fresque captivante où se croisent truands, policiers et victimes dans une atmosphère poisseuse et vibrante.
Vine Street, Une atmosphère sombre et immersive
Voici un livre que j’ai eu la chance de découvrir lors de ma rencontre avec Dominic Nolan au Festival Toulouse Polar du Sud 2024. Dès les premières pages, le lecteur est happé par une ambiance digne des meilleurs films noirs. Londres y est dépeinte comme une ville crasseuse, enfumée, rythmée par le jazz et les affaires louches. Dominic Nolan a le talent rare de rendre palpable l’oppression d’une époque. Chaque ruelle suintante de Soho semble résonner des pas fuyants des malfrats et des cris étouffés des victimes.
Le roman débute en 1935, mais il s’étend sur plusieurs décennies, avec des incursions dans les années 1960 et même un épilogue en 2002. Ce choix narratif permet à l’intrigue de se développer progressivement, tout en offrant une profondeur historique fascinante.
Un trio de policiers marquants
Au cœur du récit, trois figures de la police métropolitaine de Londres tiennent les rênes de l’enquête :
- Leon Geats : Sergent à la brigade des Mœurs & Night-clubs, il est un policier atypique, à la morale ambiguë. Maître incontesté de Soho, il impose sa propre loi, naviguant entre légalité et compromission.
- Mark Cassar : Policier de la brigade volante, il apporte une approche plus rigoureuse et méthodique, contrastant avec les méthodes expéditives de Geats.
- Billie Massey : Rare femme dans un univers masculin, elle incarne une résilience remarquable. Elle s’impose par son intelligence et sa compréhension des rouages sociaux de Soho.
Ce trio forme un équilibre parfait, oscillant entre tensions, complicités et différences profondes dans leur manière d’aborder la justice.
Une traque haletante
L’intrigue repose sur une série de meurtres atroces. Un tueur en série, surnommé « Le Brigadier », sévit dans les bas-fonds de Londres. Son modus operandi est d’une rare violence : mutilations, viols, cadavres abandonnés dans des lieux sordides. Les enquêteurs se heurtent à une omerta généralisée, à une police gangrenée par la corruption et à la peur omniprésente dans la population.
Ce qui distingue Vine Street des polars traditionnels, c’est la manière dont l’enquête s’étire sur plusieurs décennies. Le lecteur suit la lente construction du puzzle, entre fausses pistes, éléments cachés et rebondissements subtils. Chaque indice trouve sa place dans une intrigue qui semble d’abord fragmentée, mais qui se révèle d’une complexité saisissante.
Vine Street, Une peinture sociale réaliste et nuancée
Au-delà de l’enquête policière, Vine Street est aussi un remarquable portrait social du Londres du XXe siècle.
- La condition féminine : Le roman met en lumière le rôle des femmes dans la société londonienne de l’époque. Prostituées, danseuses, épouses délaissées… elles sont omniprésentes, souvent victimes, mais parfois aussi actrices de leur propre destin. Billie Massey incarne cette lutte pour la reconnaissance et le respect dans un monde dominé par les hommes.
- La corruption policière : Le roman dépeint une force de police gangrenée par le chantage, les pots-de-vin et les arrangements douteux. La difficulté de faire triompher la justice face à un système verrouillé ajoute une tension supplémentaire.
- L’homosexualité clandestine : Dans un contexte où l’homosexualité était criminalisée, certains passages du roman abordent avec sensibilité la double vie des hommes contraints de cacher leur identité.
Un style d’écriture immersif et percutant
Dominic Nolan use d’une écriture ciselée et immersive. Ses descriptions sont détaillées sans être pesantes, et il sait jouer avec la lumière et les ombres pour renforcer l’atmosphère pesante de son récit. Le lecteur a littéralement l’impression de marcher dans les rues de Soho, d’entendre les sirènes de la police, de ressentir l’angoisse des victimes et la frustration des enquêteurs.
Loin d’un polar classique aux rebondissements trop appuyés, Vine Street prend le temps d’installer ses personnages et son intrigue, offrant ainsi une profondeur psychologique remarquable. Chaque protagoniste évolue, se transforme, se brise parfois, ajoutant une dimension humaine poignante à l’histoire.
Vine Street, Une fin magistrale et émouvante
Si l’intrigue s’étale sur près de 700 pages, la conclusion ne déçoit pas. Les pièces du puzzle s’emboîtent parfaitement, offrant un final à la hauteur des attentes. Les dernières pages, emplis d’émotion, laissent une empreinte durable dans l’esprit du lecteur. Vous pouvez vous procurer cet excellent polar en ligne.

Titre : Vine Street
Titre original : Vine Street
Auteur : Dominic Nolan
Traducteur : Bernard Turle
Nombre de pages : 674 pages
Date de parution : 3 avril 2024
Editeur : Payot & Rivages
Collection : Rivages Noir
ISBN: 978-2-7436-6173-1
EAN: 9782743661731
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2 commentaires
Un auteur que je ne connais pas encore et que tu me fais découvrir aujourd’hui. Encore un à découvrir 🙂
Il est très sympa, je l’ai rencontré en octobre.