Comment témoigner d’une douleur silencieuse longtemps tue ? Avec Sourires d’un enfant caché, Jean Yvane vous invite dans une exploration poignante et pleine d’autodérision de son passé d’enfant juif caché pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce roman singulier, à la fois témoignage et œuvre littéraire, ouvre une réflexion essentielle : comment la mémoire individuelle se heurte parfois à la lourdeur de l’Histoire et à l’inadéquation administrative.
À travers une plume limpide et empreinte d’humanité, l’auteur réussit à parler de l’indicible sans jamais sombrer dans le pathos. Laissez-vous emporter par un récit où l’émotion se mêle au sourire.
Jean Yvane : un écrivain entre fiction et mémoire
Jean Yvane, que vous connaissez peut-être pour ses précédents romans salués par la critique, ose pour la première fois lever le voile sur son enfance marquée par l’Occupation. Dans Sourires d’un enfant caché, il ne se contente pas de raconter les faits : il cherche, par la forme romanesque, à trouver les mots justes pour témoigner d’une expérience intime et douloureuse.
Avec l’élégance d’un romancier confirmé, Jean Yvane évoque ses souvenirs évanescents, ces instants fragmentaires d’une enfance en sursis dans une auberge de jeunesse vosgienne. Le ton, toujours empreint d’une tendre ironie, vous rend ce récit aussi universel qu’intime.
Pour en savoir davantage sur Jean Yvane, découvrez l’article de Jean Jauniaux consacré à Parlez-moi du Djebel Amour, un roman camusien publié aux Éditions ADEN.
L’administration face à la douleur : un décalage troublant
Tout commence par une démarche administrative : obtenir une pension d’invalidité destinée aux enfants juifs cachés. Très vite, Jean Yvane vous fait ressentir l’absurdité de devoir faire entrer des blessures invisibles dans des cases rigides. Comment réduire la complexité du vécu à quelques lignes sur un formulaire ?
Vous percevrez l’émotion qui traverse chaque page : la gêne face aux questions intrusives, l’impossibilité de quantifier la souffrance, le sentiment d’usurpation face à une douleur qui, faute de souvenirs précis, semble presque insaisissable.
Un passé refoulé qui ressurgit avec pudeur
Pendant des décennies, l’auteur a enfoui cette part de son histoire. Les mots manquaient, ou se dérobaient. En vous plongeant dans son roman, vous découvrirez comment la pandémie – ce confinement imposé à tous – a éveillé en lui la mémoire de son propre enfermement forcé d’enfant caché.
Avec une pudeur bouleversante, Jean Yvane exprime ce sentiment de vide : celui de n’avoir gardé aucun souvenir tangible de la séparation d’avec ses parents, si ce n’est une profonde empreinte invisible, que les mots peinent à traduire.
L’humour, un rempart contre l’indicible
Ce qui frappe dans Sourires d’un enfant caché, c’est l’humour discret, mais omniprésent. Là où d’autres récits auraient pu sombrer dans le tragique, Jean Yvane choisit une voie plus lumineuse. Vous serez touché par cette capacité à sourire au cœur de l’ombre, à déjouer la douleur par l’autodérision.
En quelques traits d’esprit, il démontre que l’humour est parfois la seule arme pour apprivoiser l’inconcevable. Loin d’atténuer la gravité des faits, ce choix de ton vous permet d’accéder plus profondément encore à l’émotion.
Un roman-témoignage pour transmettre la mémoire
Alors que les derniers témoins directs de la Shoah disparaissent, il devient vital de transmettre ces récits. Jean Yvane, en mêlant la grande Histoire à sa petite histoire personnelle, contribue avec délicatesse à ce devoir de mémoire.
En lisant Sourires d’un enfant caché, vous participez à cette transmission précieuse. Vous découvrez, non pas un témoignage figé dans la douleur, mais un dialogue vivant entre passé et présent, où l’écriture elle-même devient acte de résilience.
Conclusion : une invitation à la réflexion et à l’échange
La mémoire a besoin de vous
À travers Sourires d’un enfant caché, Jean Yvane nous offre bien plus qu’un récit personnel : il vous tend une main pour réfléchir ensemble à la manière dont nous portons, racontons, et transmettons l’Histoire.
En refermant ce livre, une question subsiste : comment chacun de nous peut-il contribuer à entretenir cette mémoire collective si précieuse ?
Titre : Sourires d’un enfant caché
Auteur : Jean Yvane
Nombre de pages : 116 pages
Date de Parution : 11 mars 2025
Editeur : Editions Mode Est-Ouest (MEO)
ISBN 978-2807004955
Nous vous invitons à partager vos impressions en commentaire : qu’avez-vous ressenti à travers cette histoire ? Quelle importance accordez-vous, vous aussi, aux témoignages de ceux qui ont vécu les ténèbres de l’Histoire ?
4 commentaires
Avant d’avoir lu, je ne peux pas partager ce que je vais ressentir mais, je sens que ce ne sera pas neutre !
J’ai hâte de savoir alors.
Merci pour cette excellente présentation il me tente. Bonne semaine
Bonne lecture alors.