Essai original et enlevé sur le rôle du métro dans le développement de la capitale française et sur la supériorité du métro parisien (l’auteur le compare à ceux de Tokyo, New York, lequel semble avoir été construit au hasard, ou Londres, composé d’axes principaux reliant le centre aux périphéries).
Le Métro, inconscient urbain
Le livre de Luka Novak, dont le ton et l’humour rappellent ceux de son compatriote Slavoj Žižek, mêle l’urbanisme, la sémiologie, la psychanalyse et la philosophie.
Philosophe slovène, Luka Novak a passé une partie de son adolescence à Paris, où son père était journaliste, et a gardé un souvenir sensible de ces années-là. Le métro parisien se présente comme un lieu de modernité ; il s’apparente à un système de connexion, aux synapses d’un cerveau.
Chaque quartier de Paris est également desservi, aucune rue n’est jamais éloignée d’aucune station, les correspondances sont aussi bien agencées que la meilleure des syntaxes.
Ce moyen de transport correspond parfaitement à la cité cosmopolite, mondialisée, plurielle. Souterrain, il est plus rapide, et sa forme rhizomatique a permis à Paris d’être aussi en adéquation avec la postmodernité, laquelle ne s’implante que dans des espaces urbains dont il dessine la grammaire.
Extrait
« Le plaisir de l’Autre, les Parisiens l’ont littéralement insufflé dans le métro, tandis que les New Yorkais l’ont tout simplement contourné. Si l’inconscient parisien est une phrase, l’inconscient new-yorkais est un cri. Et il en est de même pour le métro.
Si le métro parisien est structuré comme un roman de Flaubert, dont la narration est déterminée par un régime stylistique finement étudié, ou comme un courant de pensée proustien, qui revient sans cesse aux points névralgiques du souvenir, le métro new-yorkais est quant à lui modelé selon les grandes lignes de la percée d’une caravane propulsive, comme dans Les Raisins de la colère de Steinbeck, où une colonie désespérée de cultivateurs expropriés avance en ligne droite vers la Californie promise, ou selon la largesse d’esprit de personnages à la réputation suspecte comme Gatsby le magnifique de Fitzgerald. »
Luka Novak
Luka Novak est né en 1963. Éditeur, romancier, présentateur de télévision slovène, il est le fils de l’ancien correspondant parisien du grand quotidien slovène Delo. Il a passé son enfance à Paris et il est parfaitement francophone.
Titulaire de plusieurs diplômes en littérature comparée et langues romanes de l’Université de Ljubljana, Bonn et Tübingen, et aussi d’un MBA, il a été le directeur de l’Office de la propriété intellectuelle slovène.
Auteur d’un roman traduit en anglais Golden shower. Or what men want (Ed. Guernica, 2012), il a aussi publié de nombreux livres de gastronomie.
4 commentaires
des lignes tentaculaires….
Qui envahissent le sous-sol des villes…
Mais il y a un peu trop de parisiens qui l’empruntent à la même heure
C’est une vraie difficulté du déconfinement.