Pourquoi pas ? Une nouvelle signée Solange Schneider pseudo Zalma
Pourquoi pas ?
- Marko… Mais qu’est-ce que tu fais là ?
Il leva ses yeux bleus vers la magnifique jeune femme dont il devinait, sous le masque bleu ciel, un large sourire.
- Hé bien, tout comme toi : je profite du bord de mer !
Il pensa que sa réponse était banale mais correcte. En tous cas, elle semblait satisfaire Carla qui écarquilla ses grands yeux verts.
- J’ai failli ne pas te reconnaître, dis donc !
- Ah, avec ces fichus masques… soupira-t-il en souriant à demi.
Cela faisait plus de quatre mois qu’ils étaient muselés, mais masques ou pas, ils entendaient bien profiter de cet été chaud, même dans une Bretagne d’habitude moins caniculaire.
- Tu as aussi de la famille à Concarneau ?
- Ma mère, oui, répondit-il sans réfléchir. Mais elle n’est pas native, elle y acheté une petite maison d’été il y a deux ans.
- C’est drôle, ces coïncidences… murmura Carla.
Elle se dit que c’était d’autant plus étrange que Marko lui avait toujours plu, mais l’entreprise n’était pas le lieu le plus adapté à une romance. Tandis que les vacances… Concarneau, sa Ville Close, ses pins parasols surplombant un bord de mer bleue et presque sauvage…
Elle lui proposa une balade, d’un air à la fois dégagé et un peu mutin :
- Enfin, sauf si ta femme et tes enfants t’attendent pour le repas du soir !
Mais personne ne l’attendait, c’était une chance !
Il la saisit, en même temps que sa main, un peu plus tard, tandis qu’ils marchaient avec lenteur, admirant les petites vagues, croisant de temps en temps quelques touristes.
Carla trouvait son collègue plus détendu que d’habitude, et un peu plus svelte aussi : « C’est normal, on est toujours différent, au boulot, coincé entre l’ordinateur et le stress incessant… Le calme lui réussit ! » pensa-t-elle. D’ailleurs, elle-même avait perdu deux kilos depuis le début de son séjour en bord de mer, savourant le rythme lent de la petite ville portuaire.
Ils s’assirent tous deux dans la pinède. Il était presque vingt heures, l’air était doux et les yeux bleus de Marko toujours aussi beaux. C’était la première fois que Carla les voyait à la lumière du jour, et non plus rivés à un écran. C’était aussi leur première longue conversation, parce que d’habitude, ils se croisaient en coup de vent dans l’open space, à peine le temps de se saluer et d’échanger quelques rapides politesses, tout juste si Carla reconnaissait sa voix au milieu du brouhaha de cet énorme bureau collectif…
Ses yeux l’envoûtaient, tandis que le soleil rosissait, créant une atmosphère non pas romantique… mais plutôt érotique. Oui, elle se sentait soudain pleine de désir… Une phrase la traversa tel un éclair : « Et puis après tout, pourquoi pas ? » Oui, pourquoi ne pas se laisser aller, juste une fois, avant la fin des vacances et la reprise du travail qui aurait bientôt lieu, dans son ronronnement gris et parisien…
Pourquoi pas… ?
***
La peau engourdie, piquant de mille éclairs et d’un plaisir infini, elle se laissa aller tandis qu’il bascula son corps sur le sien, entrant en elle en un coup de rein habile. Elle poussa un petit cri de bonheur extatique.
Quand ils se relevèrent, un peu plus tard, secouant les aiguilles de pin de leurs vêtements en coton clair d’été, elle ne put s’empêcher de dire avec un petit rire :
- C’était si… étrange, avec nos masques !
Dans le feu brûlant de l’action, l’un comme l’autre avait gardé cet attribut incongru, mais devenu presque habituel… ce masque bleu qui faisait partie de leur quotidien, ce masque sans lequel ils ne sortaient plus depuis des mois.
- Tu as aimé ?
- Bien sûr, roucoula-t-elle en s’approchant de lui.
Alors, il baissa lentement son masque et un cri d’effroi la saisit : seuls les yeux d’azur étaient ceux de Marko. Elle voulut s’écarter et s’enfuir, mais elle demeura paralysée : un rictus déformait une bouche inconnue, non pas celle de Marko mais des lèvres presque violettes que Carla n’avait jamais vues, des lèvres laissant paraître des dents luisantes aux canines trop longues.
L’homme s’approcha du cou laiteux de Carla en murmurant, la voix soudain rauque :
Laisse-toi faire, Carla. Tu aimeras encore plus…
Une nouvelle signée Solange Schneider pseudo Zalma écrivain, auteur de « Chemins étranges » et « Points de fuite »
6 commentaires
draguer les midinettes n’est plus qu’un lointain souvenir…..
mais non…
ah mon Dieu, un vampire !
sourire
Désolée serais quelque peu absente info sur mon blog demain….amitié
pas de souci, à demain