Avec Traverser la nuit, Hervé Le Corre nous plonge dans un Bordeaux noir et pluvieux, et explore les âmes tourmentées.
Traverser la nuit
Voici un auteur que j’ai eu le plaisir de rencontre à la médiathèque d’Auterive dans le cadre de l’édition 2021 du Festival Toulouse Polars du Sud. Hervé Le Corre a pris le temps de nous parler de son roman, de sa manière d’écrire ses romans, de ses personnages, mais aussi de son regard sur l’écriture et l’enseignement de la langue française.
Hervé Le Corre m’a expliqué, notamment, qu’il aimait montrer à ses élèves le manuscrit d’un livre avec les ratures, les passages rayés, les annotations et l’œuvre finie. L’objectif est de montrer qu’un auteur n’écrit pas du premier jet son œuvre, mais qu’au contraire, c’est un travail complexe qui demande du temps. Hervé le Corre s’interroge sur ce que laissera le numérique puisque la notion de manuscrit écrit à la main disparaît.
3 raisons de le lire
- .La pluie
- .Le style
- .Les destins
La pluie
Hervé Le Corre nous avait prévenus en ouvrant Traverser la nuit, c’est une lecture avec une pluie continuelle qui nous attendait. Une pluie qui vous mouille jusqu’aux os, qui transperce tout. En choisissant, de placer tout l’histoire sous la pluie, Hervé Le Corre rajoute du sombre à la nuit, et le résultat est fabuleux.
Le style
Hervé Le Corre est professeur de lettres, et son polar noir est extrêmement bien écrit. Les phrases sont courtes, percutantes, et même non verbales, ce qui les rend incisives et percutantes. Le style est impeccable, pas de fioriture inutile. La réalité est décrite brutalement, avec un réalisme qui fait jaillir la noirceur, la laideur et le désespoir humain.
Les destins
Hervé Le Corre a choisi trois personnages qui, comme il l’a précisé, ne sont pas décrit physiquement précisément : Louise est-elle brune ou blonde ? Trois personnages que rien ne semble lier. Trois personnages qui pourraient faire partis de nos vies. Mais trois personnages dont on sent que les destins vont se croiser à un moment ou à un autre.
Un peu plus
Hervé Le Corre nous livre un récit sombre, costaud qui est totalement cohérent. Il nous a expliqué sa fascination pour la violence, et il arrive avec brio à la rendre fascinante. Pour aborder ce livre, il me semble préférable de se sentir fort moralement car la lecture c’est une tranche de la vie de nos semblables, noire et brillante de pluie, de larmes, et de sang…
C’est vraiment de la grande littérature dans le bon sens du terme.
L’histoire
Louise a une trentaine d'années. Après la mort accidentelle de ses parents, elle a dérivé dans la drogue et l'alcool. Aujourd'hui elle vit seule avec son fils Sam, âgé de 8 ans, sa seule lumière.
Elle est harcelée par son ancien compagnon qui, un jour, la brutalise au point de la laisser dans un état grave. Il blesse aussi grièvement la meilleure amie de Louise.
L'enquête est confiée au groupe dirigé par le commandant Jourdan, qui ne reste pas insensible à Louise. Parallèlement un tueur de femmes sévit, pulsionnel et imprévisible, profondément perturbé.
Au cœur de ces ténèbres et de ces deux histoires, Jourdan, un flic, un homme triste et taiseux, qui tente de retrouver goût à la vie…
Hervé Le Corre
Né en 1955 à Bordeaux, Hervé Le Corre enseigne les lettres dans un collège de la banlieue bordelaise.
Hervé Le Corre est un lecteur passionné, mais devient passionné de littérature policière un peu par hasard. Il commence à écrire sur le tard à l'âge de 30 ans des romans noirs et connaît un succès immédiat.
Ses romans lui ont valu de nombreux prix, parmi lesquels deux Prix Mystère de la Critique pour L’homme aux lèvres de saphir (2004) et Les cœurs déchiquetés (2009), le prix Le point du Polar européen et le prix Michel Lebrun pour Après la guerre (2014).
6 commentaires
il est vrai que nous ne lisons que la version aboutie
Et nous ne voyons pas le travail en amont
c’est super l’explication d’un brouillon
bon lundi
oui ça m’a marqué
Bel présentation Bernie merci. Douces fêtes
avec plaisir