De tous temps et en tous lieux, il y a eu et il y aura des monstres. Des loups sanguinaires capables de violer et de tuer. Même dans un petit village reculé du Cotentin ! Même pendant la Révolution !
Dans « Le loup du Cotentin », un roman magnifiquement documenté, les lecteurs sont plongés dans la période la plus paroxystique de celle-ci, de 1792 à 1794.
Ils vivent l’épopée d’un jeune, beau et fringuant officier de police de la toute nouvelle République, Perrin de Meurteaux. Il s’est juré de venger l’une des malheureuses victimes d’un tel démon. Son enquête va se heurter aux divisions politiques exacerbées entre les nobles, nommés les « ci-devant », les radicaux, appelés les « sans-culottes » et les sages paysans et artisans provinciaux, républicains modérés.
Chacun de ces trois camps est personnifié par une figure haute en couleur : le camp contre-révolutionnaire par une fascinante et arrogante égérie, prête à tout pour remettre la monarchie sur le trône, le camp des radicaux, par un Danton local au petit pied qui profite de son pouvoir pour assouvir des désirs inavouables et le camp des modérés par une jeune mercière de Coutances, amoureuse et décidée à sauver son amant des griffes des sans-culottes régionaux.
Qui est le loup du Cotentin ? Par quel miracle, Perrin, mobilisé, va-t-il échapper au pire dans la bataille contre la Coalition qui attaque la France ? Lui et son amante finiront-ils, comme tant d’autres, sur la guillotine ?
François Lequiller entraîne ses lecteurs dans la formidable tourmente révolutionnaire qui emporta la Manche, en particulier Granville, Coutances et leur bocage, et qui est ici, comme les contextes historiques des autres romans de cet auteur, admirablement restituée.
Un talent de conteur qui s’appuie sur une documentation poussée
Amoureux de sa région d’adoption, François Lequiller écrit des romans accessibles à tous qui offrent plusieurs niveaux de lecture :
- Les Normands sont séduits par l’angle original choisi et le fort ancrage local. « Le loup du Cotentin » est inspiré par des faits réels rapportés par l’ancien maire du village dans lequel l’auteur vit ;
- Les passionnés d’histoire apprécient la qualité de la documentation qui sert de toile de fond aux romans ;
- Les amateurs de littérature se laissent emporter par une histoire palpitante qui tient en haleine jusqu’à la dernière page.
« Le loup du Cotentin » (Editions Eurocibles, 50570 Marigny) est le genre de roman qui se lit d’une traite, facilement, tout en éveillant la curiosité du lecteur et en donnant à voir la Normandie autrement, à l’époque de la Révolution.
Un auteur qui jongle avec des univers très différents
Alors que son livre précédent, “Amaïké”, faisait penser à un conte de fées pour adultes et “Le projet Cœlacanthe” était un roman d’espionnage, ce dernier opus est une formidable machine à remonter dans le temps.
Toujours dans la presqu’île, chacun.e va se retrouver immergé à l’acmé de la tempête révolutionnaire qui a changé le destin de notre pays et, au-delà, d’une grande partie du monde.
Et que les fans de l’auteur se rassurent : ce neuvième roman est aussi une œuvre de couple puisque c’est son épouse Elisabeth qui a réalisé les aquarelles pour illustrer la couverture et chaque chapitre.
Extrait 1 : prologue, septembre 1792
« Seul un observateur ayant eu l’audace de grimper dans la nacelle de l’un de ces extraordinaires ballons de Messieurs Joseph-Michel et Jacques-Étienne de Montgolfier, ces « aérostiers » qui avaient tant ébloui le Roi, du temps où il y avait encore un Roi, aurait pu pleinement goûter cet admirable paysage. Au sol, on ne peut en avoir qu’une image amputée. Même perché en haut de l’un de ces immenses chênes, la vision restera tronquée.
Mais on peut se laisser aller à imaginer comment, flottant librement dans l’air frais à une centaine de toises au-dessus du sol, un de ces courageux pionniers aurait pu admirer cette magnifique contrée en humant l’air vif. Il aurait vu s’étendre, à perte de vue, d’est en ouest et du nord au sud, une mosaïque de prairies entrecoupées de haies. Ici, le vert émeraude des prés. Là, les champs rougeâtres du sarrasin récolté. Ce paysage, comme coloré par un peintre prodigue de toutes les nuances de sa palette, forme le bocage paisible du pays de Coutances.
L’aérostier aurait vu, au nord, briller sous le feu ardent du soleil matinal la croix dorée qui surmonte le fier campanile de l’église de Ferville, entouré des maisons aux toits d’ardoises des villageois aisés. Il aurait aperçu, au sud, émerger entre deux frondaisons le discret clocher de l’église de Louet-sur-Moraine. C’était une paroisse (comme on disait dans le temps où le hameau s’appelait encore Saint-Louet) si petite que ses habitants, désespérés de voir oubliées leurs quelques modestes doléances du début de la Révolution, avaient, un an auparavant, été jusqu’à demander leur rattachement à la commune (comme on disait maintenant) de Ferville. […]
Le courageux homme volant dont nous avons décrit la vision féerique aurait certainement emporté avec lui une de ces lunettes que les corsaires de Granville utilisaient dans leurs courses mortelles contre les Jersiais. Et s’il l’avait par hasard pointée sur une minuscule bande de terre dissimulée au centre d’un dense hallier, son regard aurait été attiré par un singulier détail. Un point très clair, presque blanc, qui se détachait très distinctement sur l’émeraude de ce pré dérobé aux yeux des vulgaires terriens. Et, curieux de tempérament et ayant la maîtrise de l’élévation de son engin, l’aérostier serait inévitablement descendu pour parfaire son observation. Il aurait d’abord discerné une forme humaine étendue.
Saisi par un heureux transport, il aurait rapidement conclu qu’il ne pouvait s’agir, de par sa constitution, que d’une femme. Se rapprochant encore, il aurait, envahi par un indicible attrait, parcouru d’un regard pervers le corps à moitié dévêtu qui reposait langoureusement sur l’herbe. C’était de toute évidence une très jeune fille. La fée de ce pré semblait dormir profondément, ses jambes élancées ouvertes en ciseau, nues jusqu’au haut des cuisses. On pouvait presque imaginer le soulèvement régulier de sa gorge presque découverte. Son visage, plongé dans l’herbe, était masqué par une généreuse chevelure. Une crinière d’une blondeur qui ne pouvait que laisser deviner qu’elle était l’une de ces très belles descendantes des Vikings qui font l’admiration des visiteurs de notre Cotentin.
Mais notre observateur attentif, se rapprochant encore plus, aurait été légèrement troublé par l’attitude corporelle de l’apparition. Il y avait, bizarrement, une déplaisante torsion entre l’agencement de ses jambes et celle de son buste et de ses bras. Les premières allaient vers la droite, les seconds vers la gauche. Pis encore, la position diamétralement opposée de sa tête lui aurait semblé presque déplacée. Et soudain, il serait passé d’un simple état de confusion à un sentiment d’horreur. Cette jeune fille ne dormait pas.
Elle était morte ! »
Extrait 2 : le siège de Granville
« Trois jours plus tard, le matin du vingt-quatre brumaires, Lecarpentier et le général Peyre décidèrent d’envoyer deux colonnes, commandées par l’adjudant général Vachot, au-devant des ennemis dont on leur avait rapporté l’avancée rapide depuis Avranches. Trois heures plus tard, à leur grande frayeur, ils virent, du sommet de la redoute de l’isthme d’où ils scrutaient l’horizon, leurs soldats revenir en débandade. Derrière eux, apparurent quelques minutes plus tard ceux qu’ils redoutaient : les centaines de cavaliers du prince de Talmont qui se déployaient sur la route et sur la grève. Quelle ne fut pas leur stupeur quand ils découvrirent dans la lentille de leur lunette de vue qu’une femme galopait à leur tête ! De toute évidence, ils n’avaient pas de quoi faire face aux Blancs en combat direct. Il n’y avait qu’une seule solution : se barricader à l’intérieur de la ville fortifiée et résister coûte que coûte. Lecarpentier se félicita des mesures qu’il avait prises en ce sens. Il fit battre la générale pour faire remonter ses troupes en désordre, relever le pont-levis et boucler toutes les portes.
Perrin et ses amis avaient été affectés à la compagnie qui tenait la batterie à barbette installée au-dessus de la porte de l’Œuvre. Quatre canons y avaient été placés. Leurs futs dépassaient largement une rambarde si basse qu’elle n’atteignait pas les mollets des canonniers. Cela permettait de pencher les bouches à feu pour prendre en enfilade la rue des Juifs, celle qui permettait d’arriver à la porte de la ville. Mais, contrepartie terrible, les servants devenaient des cibles faciles. Perrin, soldat expérimenté, avait beau avoir prévenu le caporal du danger qui les guettait, il n’avait pas été écouté. Prenant les devants, il s’était placé, avec ses amis, plus loin, le long du chemin de ronde, ce qui permettait d’une part de tirer à l’abri d’une meurtrière et d’autre part, en passant prudemment la tête au-dessus du rempart, d’avoir une vue imprenable autant sur les faubourgs que sur les falaises de l’autre côté de la baie.
À quatorze heures, ils eurent un choc. Comme une invasion de rats, d’innombrables assiégeants se mirent à dégorger de toutes parts : par la hauteur de la Huguette, par la grève, par la grand-route de Villedieu et le long des côteaux de la rivière du Boscq. Il y en avait des centaines. Non, pas des centaines, des milliers ! Et, déjà, quelques-uns de ces fous furieux traversaient le pont du Boscq et se lançaient dans la montée de la rue des Juifs. »
Il écrit, elle peint… le livre unit leur passion !
François Lequiller, après avoir fait une carrière dans l’administration économique française, a été en poste dans plusieurs organisations internationales et, à ce titre, a roulé sa bosse en Afrique, en Europe et aux États-Unis.
Il est l’auteur de deux manuels économiques qui lui ont donné une notoriété internationale dans le milieu de la statistique économique. Il est marié à Elisabeth, son illustratrice, et a deux enfants.
Il y a vingt ans, la providence l’a conduit à acheter une maison dans un petit hameau du Cotentin, entre Coutances et Granville. Depuis, cette région est devenue son pays d’adoption et inspire ses romans.
Il a raconté dans la trilogie « Le Pont de la Roque » les aventures d’Isabelle Colas, son héroïne inspectrice de police, tandis que sa trilogie « Les Dunes du Cotentin » nous a fait découvrir la saga de la famille Marie au parcours aussi brillant que tragique.
Dans « Amaïké », un véritable conte de fées pour adulte, il a rapporté l’histoire extraordinaire, mais vraie, d’une jeune amérindienne dont le destin, au dix-neuvième siècle, a croisé celui de notre beau pays du Cotentin.
Enfin, dans « Le projet Cœlacanthe », son précédent roman, François plonge les lecteurs en pleine guerre froide, au moment où De Gaulle prend la décision de lancer l’ambitieux programme, appelé Cœlacanthe, de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, les fameux « SNLE ».
Aujourd’hui, il ambitionne de vendre au moins 3 000 exemplaires de son « Loup du Cotentin ».
6 commentaires
les loups c’était les jacobins….capable de tout pour mettre la terreur pendant la révolution et la 1er république…
Oui…
il est vrai que la révolution avait apporté son lot d’ horreurs
Comme toutes les révolutions.
Et bien je lui souhaite d’atteindre son objectif. Son roman semble intéressant.
Merci pour lui.