Avec Les Gentils, le roman noir français retrouve Michaël Mention et sa voix la plus distinctive et la plus singulière. Ce roman noir radical est à la fois percutant, émouvant et terrifiant, racontant la pire des pertes, la vengeance la plus insatiable, et dressant le portrait d’un homme et d’un monde vacillants.
Les Gentils
Michaël Mention nous entraine dans un roadtrip infernal qui se déroule dans les années 1978, et je m’y suis totalement retrouvée puisque c’est ma période de jeune adulte. C’est déjà un petit tour de force, car Michaël Mention est né en 1979, pourtant il la décrit si bien que je me suis retrouvé dans celle-ci.
La vie tranquille et belle de Franck s’est effondrée soudainement. Sa fille était au mauvais endroit au mauvais moment, victime d’un braquage qui a mal tourné. Depuis lors, il est obsédé par une seule chose : retrouver le responsable de cette mort injuste. Sa fille. Sa fille. Sa fille !
Son absence est omniprésente. Depuis qu’elle n’est plus là, elle est partout, tout le temps. Il dialogue constamment avec elle, cette voix intérieure, avec la vengeance comme seul moteur. Une illusion douce de penser qu’il peut la calmer en se transformant en combattant.
Ce n’est pas seulement une descente aux enfers, car l’obsession de Franck le pousse vers l’aventure. Une aventure humaine et une expédition hallucinatoire qui prennent une direction incroyablement surprenante. La quête de l’assassin se transforme en une quête de soi, contre sa volonté.
Tout au long des 352 pages, dans un style cru radical, cette soif de vengeance vous colle à la peau et vous assène des coups répétés. Une lecture qui est férocement sombre, profondément nihiliste, et qui en même temps, procure aussi des émotions. Vous en aurez la chair de poule, comme ces dialogues entre le père et sa fille, comme si elle était présente, vivante, qui traversent tout le récit.
C’est un roman que j’ai lu presque en une seule fois, comme une course sans répit, une lecture en apnée. Heureusement, Michaël Mention, passionné de rock, et ce n’est sans doute pas un hasard si Frank est disquaire, mêle à cette soif de vengeance des références musicales qui tombent juste.
D’ailleurs, il a la bonne idée de nous proposer une playlist de tous les morceaux de ce livre. Je pense que la lecture prendra encore plus d’épaisseur si vous chargez la playlist et la dérouler au fil des pages.
Michaël Mention est un des auteurs que j’ai eu le plaisir de rencontrer il y a quelques années lors du Festival Toulouse Polar du Sud. Je vous ai déjà parlé de Manhattan Chaos. Il me semble que dans Les gentils, il s’est encore plus investi personnellement.
Vous l’avez compris, cette histoire est tout sauf fade, elle va vous prendre les tripes. En parallèle à cette violence, et à cette soif de vengeance, Michaël Mention livre un texte noir qui est rempli d’émotions intenses.
L’histoire
Franck, un vendeur de disques à Pigalle, avait une vie parfaite : une femme incroyable et une petite fille espiègle. Cependant, tout s’effondre un jour de juin 1977 lorsqu’un individu braque une boulangerie à Belleville, dévalise la caisse et tue la petite fille. Six mois plus tard, Franck, complètement transformé et dévasté, attend toujours désespérément une réponse de la police : l’identité de l’assassin de sa fille. Il décide alors de se lancer dans une quête personnelle en tant qu’enquêteur, utilisant de violentes méthodes sadiques.
Il suit une piste vers le sud, à la recherche d’un toxicomane tatoué d’un symbole anarchique sur l’épaule, nommé Yannick. Pour le retrouver, Franck rassemble tout ce qui lui reste dans sa voiture, une R5. Le fantôme de sa fille repose à l’arrière, sur la banquette. Cependant, sa quête vengeresse ne se terminera pas là. Les eaux bleues de la Méditerranée ne seront pas le théâtre d’une vengeance libératrice, car Yannick est parti. Il est loin, en Guyane, où il trouve refuge auprès de hippies qui l’aideront à retrouver une certaine forme de rédemption.
Sur les routes de l’enfer…
Ça hurle, ça cogne dans la tête de Franck. Six mois que sa fille est morte dans un braquage à Belleville. Six mois qu’il attend l’arrestation du coupable. Mais rien, aucun suspect, aucune piste et les flics semblent avoir lâché l’affaire.
Alors Franck ratisse les bas-fonds de Paris, finit par trouver un vague indice. Il largue tout et embarque dans sa R5 pour un trip halluciné à la recherche de sa proie : un tox’ avec un tatouage « Anarchie ».
Jusqu’où iriez-vous pour venger la mort de votre enfant ? Franck, lui, va loin, très loin, jusqu’en Amazonie, pour traquer un meurtrier parti racheter sa conscience dans un mystérieux camp de hippies. Mais dans cette jungle où la violence est partout, la folie de Franck va se heurter à des âmes plus extrêmes encore…
Michaël Mention
Michaël Mention est né en 1979. Passionné de rock et d’histoire, il accède à la reconnaissance avec sa trilogie policière consacrée à l’Angleterre, récompensée par le Grand Prix du roman noir au festival international de Beaune en 2013 et le Prix Transfuge meilleur espoir polar en 2015. Il est l’auteur de douze romans, dont La Voix secrète (10/18, 2017), Power (éditions Stéphane Marsan, 2018 ; 10/18, 2019), lauréat du Grand Prix au Festival Sans Nom de Mulhouse et du Prix Polar Pourpre, Manhattan Chaos (10/18, 2019) ou Dehors les chiens (10/18, 2021).
Les Gentils
Michaël Mention
352 pages
Belfond, 2023
Avec Les Gentils, Michaël Mention nous offre un roman noir radical, percutant, émouvant et terrifiant. Il explore la perte la plus atroce, la vengeance la plus insatiable, tout en dressant le portrait d’un homme et d’un monde fragiles. Mais qu’en pensez-vous ? Quelle est votre opinion sur la vengeance ?
8 commentaires
la vengeance pour retrouver la paix
C’est le fil conducteur… et ça va emmener Frank très loin
Les années 70…j’adhère moi aussi…
Totalement.
Une belle découverte apparemment et un auteur que je ne connais pas encore ! Merci pour cette découverte
Je te recommande vivement de découvrir cet auteur.
Je note le titre. C polar devrait me plaire. Bonne journée
C’est une super lecture dont ne ressort pas indemne.