Au fond d’une vallée vosgienne oubliée du monde, un silence inquiétant s’épaissit… et derrière les volets clos, les secrets patientent. Se méfier de l’eau qui dort, le nouveau roman envoûtant de Julia Richard, nous plonge dans un huis clos rural où la folie murmure à l’oreille des vivants, et où le passé n’a pas dit son dernier mot. Entre soupirs de sorcellerie, mémoire trouée et poids du sang, l’autrice tisse un conte noir à la fois intime et insidieux.
Un roman à ne surtout pas sous-estimer — tout comme l’eau calme qui, elle aussi, peut cacher des remous mortels…
ce roman est avant tout un récit édifiant, un conte moral. D’une part parce que l’autrice nous y rappelle que rien n’est jamais gratuit et qu’absolument tout a un prix. Et surtout, qu’il faut se méfier de ce que l’on souhaite car on oublie très souvent, trop souvent, le revers de la médaille.
Une histoire où les apparences trompent
Et si les miracles n’étaient que le prélude à une tragédie ? Avec Se méfier de l’eau qui dort, Julia Richard vous plonge dans un univers rural, âpre et troublant, où les rumeurs s’installent comme la brume au petit matin, et où la magie suinte des murs autant que la peur.
Publié en juin 2025 aux éditions L’Homme Sans Nom, ce quatrième roman de l’autrice s’impose comme une œuvre envoûtante, mêlant folklore lorrain, drame intime et soupçons de sorcellerie. Vous y découvrirez un récit lent, brumeux, mais captivant, porté par des personnages entiers, une langue riche et un malaise diffus qui vous accompagnera bien après avoir tourné la dernière page.
Un décor rural et oppressant
Schmutzheim. Un nom inventé, mais qui évoque immédiatement un village reculé, blotti dans les Vosges, à l’abri – ou piégé – par la forêt et les montagnes. C’est là que vivent Astrid, 17 ans, sa petite sœur Ingrid, et leur grand-père sénile, que tout le monde surnomme Grand-papy. Entre remèdes naturels, récoltes et soins quotidiens, leur vie est rude et pleine de silence. Trop de silence.
L’ambiance du village est l’un des grands atouts de ce roman. Julia Richard y excelle dans l’art de créer un huis clos en pleine nature, où l’isolement n’a rien de réconfortant. L’environnement semble figé, presque irréel, comme si le temps s’était arrêté ou que quelque chose, là, sous la surface, attendait. Vous sentez le froid, la vase, la tension qui monte. Et c’est précisément là que l’histoire prend racine.
Des personnages féminins puissants et imparfaits
Astrid n’est pas une héroïne ordinaire. Ni victime, ni guerrière, elle incarne cette jeunesse lucide, débrouillarde, épuisée trop tôt par les responsabilités. Elle gère la ferme, les soins, les finances. Elle est forte, mais pas indestructible. À ses côtés, sa petite sœur Ingrid, plus fantasque, plus égoïste aussi, incarne l’enfance confrontée au surnaturel et au rejet.
Leur relation, tendue mais indéfectible, est le cœur battant du roman. Julia Richard les façonne avec tendresse et justesse, sans caricature. Elles ne sont pas parfaites, mais elles sont terriblement humaines. Et c’est peut-être là, dans leurs doutes, leurs silences, que vous trouverez la plus grande source d’émotion du récit.
Un mystère ancien qui refait surface
Quand des phénomènes étranges commencent à se produire – des guérisons inattendues, des rumeurs de miracles, des cauchemars récurrents – le village s’agite. Certains se réjouissent. D’autres accusent. Grand-papy, lui, se souvient. Du moins, il essaie. Car cinquante ans plus tôt, quelque chose d’étrange aurait eu lieu dans cette vallée. Quelque chose que personne n’a jamais voulu raconter.
Est-il fou ou lucide ? Est-ce la démence qui le pousse à évoquer des menaces oubliées, ou une mémoire fragmentaire qui cherche désespérément à se faire entendre ? Vous êtes invité à enquêter, à douter, à interpréter chaque parole, chaque silence. Et à vous demander, comme Astrid : et si le passé n’était pas aussi lointain qu’on le croit ?
Une ambiance entre conte et cauchemar
Là où Julia Richard impressionne, c’est dans sa manière de manier les codes du conte traditionnel tout en les détournant. Elle joue avec les superstitions rurales, les sorcières, les malédictions. Mais elle ne cède jamais à la facilité. Le surnaturel est discret, insinuant. Il rôde sans s’imposer, vous obligeant à choisir vous-même ce que vous croyez.
Le patois lorrain, utilisé par touches, ajoute une authenticité troublante. Il donne au récit une saveur particulière, une densité qui rend l’immersion encore plus forte. Ce n’est pas seulement un roman à lire : c’est un monde à ressentir, une atmosphère à traverser, comme une brume qui colle aux vêtements.
Un récit intimiste, profondément humain
Malgré son apparente noirceur, Se méfier de l’eau qui dort n’est pas un roman d’horreur. C’est un drame familial, un récit de transmission et de résilience. Julia Richard y aborde avec finesse des thèmes universels : la vieillesse, la perte, la mémoire, la peur de l’autre. Elle explore aussi la manière dont une communauté peut rejeter ceux qui ne rentrent pas dans le moule, comment la rumeur devient poison, comment l’étrangeté est toujours suspecte.
Vous reconnaîtrez peut-être, dans le rejet que subissent Astrid et Ingrid, des échos de notre société contemporaine. Ce soupçon permanent jeté sur celles et ceux qui dérangent, qui soignent autrement, qui parlent autrement. L’autrice en fait une critique sociale subtile, jamais appuyée, mais profondément marquante.
Une tension dramatique savamment maîtrisée
Le rythme du roman est volontairement lent, mais jamais ennuyeux. Chaque chapitre ajoute une pierre à l’édifice, chaque scène tend la corde un peu plus. La tension monte progressivement, sans artifice, jusqu’à atteindre un point de rupture terriblement efficace. Et quand la fin survient, elle surprend, elle bouscule, elle reste.
La structure du récit est millimétrée. On sent l’habitude de l’autrice à construire des romans où la forme sert le fond. Tout est calculé pour que vous ressentiez cette lente suffocation, cette peur douce, cette fascination malsaine. Et pourtant, au milieu de tout cela, une lumière subsiste : celle de l’amour fraternel, de la loyauté, et d’un espoir fragile.
Julia Richard, Une autrice à suivre de près
Si vous ne connaissez pas encore Julia Richard, ce roman est une excellente porte d’entrée dans son univers. Déjà remarquée pour Carne et Paternoster, elle confirme ici son talent à tisser des récits à la frontière du fantastique et du psychologique. Sa plume, acérée mais poétique, oscille entre dureté et tendresse, et elle n’a pas peur d’emmener ses personnages – et ses lecteurs – dans des zones d’ombre.
Féministe sans être dogmatique, engagée sans jamais perdre le fil de la narration, Julia Richard s’impose comme une voix singulière dans le paysage littéraire français contemporain.
Une rivière de mystères
Se méfier de l’eau qui dort est plus qu’un simple roman fantastique. C’est une œuvre dense, atmosphérique, qui parle de secrets enfouis, de liens familiaux, de méfiance collective. Un conte funèbre, à la fois tendre et glaçant, qui ne vous laissera pas indifférent.
Prenez le temps d’entrer dans Schmutzheim. Écoutez les murmures. Observez les silences. Et méfiez-vous : parfois, c’est l’eau la plus calme qui cache les plus grands dangers. Commandez-le en ligne sans plus attendre.
Titre : Se méfier de l’eau qui dort
Autrice : Julia Richard
Illustration : François-Xavier Pavion
Nombre de pages : 272 pages
Date de parution : 4 juin 2025
Editeur : Les Éditions de l’Homme sans nom
ISBN 978-2-493714-08-4
Et vous, qu’avez-vous vu au fond de la rivière ?
Ce roman vous a-t-il fasciné autant qu’intrigué ? Les personnages d’Astrid et Ingrid ont-ils trouvé une place dans votre mémoire de lecteur ? Et surtout, avez-vous, vous aussi, senti le souffle du mystère flotter au-dessus des pages ? Avez-vous envie de le lire ?
👉 Partagez votre avis en commentaire et dites-nous ce que vous avez pensé de cette atmosphère unique.
4 commentaires
Ta chronique donne envie de savoir ce qu’il en est dans ce village faussement paisible qui semble rapidement se transformer en huis-clos. Et de découvrir les mystères qui entourent cette famille et le village.
Tu as le lien pour le commander.
Je ne la connais pas encore mais pourquoi pas en effet la découvrir, tu m’en donnes envie.
Bonne lecture.