Simone Gélin, lauréate du Prix de l’Embouchure 2017 pour son roman « L’affaire Jane de Boy », rejoint la collection Du Noir au Sud avec « Sous les pavés, la jungle » un polar empreint de réalisme, un polar social fort.
Sous les pavés, la jungle
Un polar social fort empreint de réalisme
« Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons ». Cette phrase de Victor Hugo a guidé l’auteur durant toute son écriture. Simone Gélin souhaitait livrer un roman sociologique et d’actualité.
Les prisons, la jungle de Calais, les élections présidentielles, autant d’informations qui lui ont permis de construire un polar très documenté.
« Et puis, il y a eu l’imprévu, ce que je n’ai pas vu venir, les surprises de l’écriture : Mai 68, un flash‐back sur le passé, qui s’est imposé comme fil rouge du roman : Le passé jetant un éclairage sur le présent. Des personnages ont débarqué, comme des invités inattendus, improvisés, mais incontournables et se hissant au premier rang.
En liant deux époques, en cousant ensemble deux histoires, j’ai pu approfondir ma réflexion, donner de l’épaisseur aux personnages, renforcer le suspens, et apporter plus de cohérence et d’unité à mon travail. »
Mais, si vous espériez uniquement plonger dans un récit captivant sur les réfugiés ou les migrants, vous risquez d’être déçu…
L’enquête de Milo sur le passé maternel ne constitue pas le fil conducteur du livre, mais émerge comme un élément de référence au sein du développement narratif. L’auteur explore le passé engagé de leur grand-mère Léa pendant les événements de Mai 68, une commémoration incontournable. Le rappel de l’atmosphère et des slogans de cette période permet de saisir la personnalité de Léa. Cependant, l’actualité prend le devant de la scène, abordant des thèmes tels que les prisons, la justice, la jungle de Calais et les problèmes migratoires, jusqu’aux scandales exposés lors des dernières élections présidentielles. Cela ancre le roman dans les préoccupations contemporaines.
Le récit explore de nombreux fils narratifs et espaces géographiques, peut-être trop, car certaines péripéties manquent de crédibilité. L’écriture se révèle fluide, avec des phrases souvent courtes qui invitent le lecteur à visualiser les scènes comme au cinéma. Quelques descriptions d’ambiances et de paysages sont travaillées, bien que parfois elles semblent excessives, rompant avec la rudesse des événements. Les personnages demeurent attachants, réagissant avec humanisme et empreints de sentiments. Le regard de l’auteur sur l’époque contemporaine se distingue par une froide lucidité, et les parcours de Milo, Kévin, Mounia illustrent la brutalité des temps présents.
Le roman, dense et marqué par des rythmes inégaux, maintient l’intérêt du lecteur grâce à l’épaisseur des personnages, animés par l’énergie de la jeunesse mais également rattrapés par leur histoire et leurs choix.
La seconde partie du livre, marquée par ses courts chapitres, insuffle un rythme soutenu au récit. La plume élégante de Simone Gélin captive habilement le lecteur.
Je recommande chaleureusement cet ouvrage de Simone Gélin, une auteure que j’ai eu le plaisir de rencontrer à plusieurs reprises lors de salons littéraires.
Quatrième de couverture
Dans la cour de promenade de la maison d’arrêt de Fresnes, deux vauriens nouent une amitié indéfectible.
Plus tard, Mounia, une jeune clandestine, viendra troubler le jeu.
Une fois libéré, Milo s’efforce de suivre le droit chemin, guidé par le fil rouge du passé. Bordeaux, l’estuaire, les vignobles du Médoc, le bassin d’Arcachon, une villa engoncée dans l’hiver, au Cap ferret, en cherchant à faire la lumière sur l’histoire de ses grands‐parents, deux soixante‐huitards qui ont connu une passion explosive sur les barricades, Milo découvre une région et retrouve ses racines.
Il croit pouvoir tourner le dos à la délinquance, alors que Kevin, de son côté, n’a de cesse que de vouloir grimper dans la hiérarchie de la voyoucratie, s’adonnant aux trafics sordides et commerces d’êtres humains.
Leurs routes semblent définitivement se séparer, mais on ne sort pas indemne de la prison, le sort, peut‐être, en décidera autrement.
Simone Gélin, l’auteure
Après une carrière dans l’enseignement, Simone Gélin se consacre à l’écriture de romans dont le cadre privilégié est la région Aquitaine : Bordeaux, le bassin d’Arcachon, où elle vit et puise son inspiration.
Sous les pavés la jungle est son cinquième roman.
Elle a déjà reçu de nombreuses récompenses :
– Prix de la nouvelle au Salon du livre de Hossegor en 2012,
– Prix de la nouvelle au Festival Paris Polar en 2016.
– Prix Augiéras au salon Livre en fête du grand Périgueux,
– Prix du jury au salon de Saint‐Estèphe.