Une nouvelle ultra-courte et surprenante, que je vous propose de découvrir, sans savoir où vous êtes au début de la lecture, sans savoir où ce texte va vous mener, mais sans doute bien plus loin que vous ne l’imaginez !
Alors, laissez-vous guider…
Brasier
Il ne bouge plus. Dans le noir, tout est terreur. Il respire doucement, à peine un filet d’air, mais c’est un air supportable, ici. Il sent d’autres présences, perçoit confusément des mouvements, des sons qu’il ne connaît pas, ou alors si mal qu’ils lui semblent étranges, inquiétants.
Il ignore où il se trouve au juste, sait simplement que c’est un refuge, un abri quelque part sous terre, sans herbe et sans ciel bleu. Ou noir, ou bien gris de colère. Ou alors rouge de feu, un ciel furieux.
Il pourrait avancer pour voir où ça le mène, mais il reste immobile.
Les autres aussi : celles et ceux qui se sont réfugiés là, avant lui ou bien presque en même temps, affolés, ils ont foncé dans le même abri de terre gluante.
Combien sont-ils, dans ce réseau souterrain ? Nul ne le sait… mais tous ont couru, longtemps, pris de panique. Couru et sauté en tous sens, dans la chaleur suffocante.
Ils ne parlent pas, ne le peuvent pas. Ils restent là, essoufflés, affamés. Ils ont traversé l’enfer incandescent, la fournaise folle, une boule de feu géante prête à les engloutir. Ils ont échappé de peu à cet enfer, rescapés là, enfouis sous la terre…
CARCASSONNE, JANVIER 2020 :
Louis caresse son pelage gris-fauve : l’animal ne le lâche plus, se colle à lui parce qu’il remplace sa mère.
— J’ai besoin d’un peu d’eau, Michel !
— Combien ?
— Trois seaux, ce sera bon !
Michel remplit les seaux en marmonnant : « Ça boit tant que ça, un kangourou ? » Il n’est pas encore habitué mais va s’y faire. Il l’aime bien, son nouveau boulot dans le parc australien de Carcassonne.
Tout à l’heure, il va lancer un appel sur les réseaux sociaux : il faut un maximum de poches en tissu pour héberger les petits qui ont perdu leur mère.
Le parc animalier de Carcassonne ne pourra pas accueillir beaucoup de kangourous, mais Michel aurait bien voulu. S’en occuper, les soigner jusqu’à ce qu’ils guérissent. Au moins ceux qui ont survécu aux incendies géants, ceux qui ont pu se réfugier dans les terriers des wombats. Comme dans une grande Arche de Noé…
Une nouvelle signée Solange Schneider pseudo Zalma écrivain, auteur de « Chemins étranges » et « Points de fuite »
6 commentaires
C’ est le côté caché et horrible des incendies !
Et on l’oublie souvent
Attention, ca va dans les spams…. Ont ils osé faire un cassoulet australien ??
je surveille les spams… cassoulet australien, je n’imagine même pas l’idée
je me demande ou il va mener ce texte..
Solange a beaucoup d’inspiration