L'usine AZF de Toulouse est détruite par l'explosion d'un stock de nitrate d'ammonium, entraînant la mort de 31 personnes, faisant plus de 2 500 blessés et de lourds dégâts matériels. Une date qui restera symbolique à jamais.
Ulrich Lebeuf nous raconte avec ses mots cette journée si particulière dans un livre de 84 pages où il revient en images sur les lieux du drame durant presque une année après l’explosion.
AZF 10:17 : dernier livre du photographe toulousain Ulrich Lebeuf
Cet ouvrage a reçu le soutien du Conseil Départemental Haute-Garonne et rend hommage aux nombreuses victimes.
Le 21 septembre 2001, Toulouse est devenu le Pompéi du XXIe siècle.
Si l’auteur a attaché une importance particulière à la réalisation de cette œuvre, c’est parce que son histoire singulière le rattache directement aux évènements qui se sont produits durant cette dramatique journée de septembre.
Ce jour-là, comme il le rappelle lui-même, le ciel était turquoise et la journée s’annonçait belle. Dans la matinée, alors qu’il fume une cigarette à l’extérieur de la rédaction Milan Presse avec un collègue, il devient le témoin d’un spectacle d’horreur et totalement inimaginable.
L’explosion de l’usine AZF arrive dix jours après les attentats du 11 septembre.
À cet instant-là dans la ville qui n’est plus rose, on voit noir et on imagine le pire. Personne ne sait ce qui attend la population et l’inconnu raisonne comme maître mot.
Sans attendre, le photographe décide alors d’aller chercher son matériel professionnel afin d’immortaliser le sinistre spectacle qui se déroulait sous ses yeux.
« En tant que reporters photographes, nous sommes aguerris à vivre certaines situations, couvrir des événements dramatiques et conserver notre sang-froid. Ce jour de septembre, la situation était différente : je ne suis pas envoyé sur un événement, je suis dans l’événement. Les moments qui vont suivre sont encore troubles pour moi à ce jour » souligne Ulrich.
L’ouvrage qu’Ulrich Lebeuf nous propose est intense et ses clichés transpirent des émotions tragiques. Le travail unique de ce photographe au talent incontestable, nous expose les détails d'un événement dont on ne fait que saisir l'ampleur, sans être averti dans l'image de ses circonstances. Loin de l'instantané, ce sujet relève de l'intemporel.
Plus on pénètre à l’intérieur, plus on est confronté à ce nouveau Pompéi. Même les objets les plus anodins sont devenus les traces d’un monde antérieur à cette catastrophe industrielle. Les photographies témoignent d’un avant presque banal, détails fragiles mais immuables.