Pour son deuxième polar, Raphaël Guillet nous plonge dans une enquête palpitante entre la Suisse et la Bosnie, pays bien connu de l’auteur, qui explore avec perspicacité la conscience humaine.
Les lunettes de sommeil
Comme je l’avais pressenti lors de ma chronique du premier roman de Raphaël Guillet, Alice Ginier jeune inspectrice à Lausanne, est bien son personnage fétiche, et c’est une excellente nouvelle.
Le personnage d’Alice est à nouveau un des ressorts, pas le seul, de cette poignante enquête. Nous entrons à nouveau dans la vie d’Alice, de Lausanne au col des Mosses, et même jusqu’à Sarajevo. Oui, Alice est toujours aussi border-line, et sa soif de démasquer les coupables est intacte. La force de ses liens avec sa maman et sa famille est aussi très palpable.
Qu’en est-il de la conscience humaine ?
C’est la grande question que nous pose en filigrane l’auteur. Comment un automobiliste peut-il prendre la fuite après avoir mortellement percuté un cycliste ?
La question va confronter Alice Ginier à son propre passé familial et à celui, plus terrible encore, de la Bosnie de l’après-guerre, car le suspect no 1 dans l’accident, fils de diplomate, a déserté la Suisse pour se réfugier chez lui à Sarajevo.
L’inspectrice de la Police judiciaire de Lausanne est assistée dans la capitale bosniaque par un ancien journaliste du journal Oslobodjene. Un homme d’expérience, jovial et lucide : « Vous arrivez avec vos questions dans un pays sans réponses », lui dit-il en l’accueillant.
Alice Ginier comprendra, une fois rentrée en Suisse, que chaque réponse donne naissance à une nouvelle question, que la vie est un labyrinthe, une suite de faux-semblants et qu’il vaut mieux ne pas se fier aux apparences.
« Incommodée par les rayons du soleil, Alice se souvint du masque de nuit, fourni par la compagnie, qu’elle avait glissé dans sa poche lorsque l’avion avait atterri à Genève. Elle le retrouva dans sa veste et le mit sur ses yeux, l’élastique bien calé derrière la nuque. Comme ça, c’était parfait. Elle pouvait sentir la chaleur du soleil sur ses joues et plonger à l’intérieur d’elle-même. Elle se demanda ce qui l’empêchait de voir la vérité dans son enquête. Comme ces lunettes de sommeil qui lui masquaient la vue. »
En conclusion, c’est un polar qu’on ne lâche pas, avec une enquête bien ficelée où tout tombe juste, et des personnages qui ont tous de l’épaisseur. J’ai pris un vif plaisir à suivre la seconde enquête d’Alice Ginier, vivement la prochaine !
Raphaël Guillet
Raphaël Guillet participe, à vingt-deux ans, au concours des TV francophones La Course autour du Monde. Il devient ensuite journaliste-reporter pour la Radio Télévision Suisse. Il s’est notamment rendu en Bosnie en juillet 1995 durant la guerre civile Ses reportages durant le conflit en Irak ont été récompensés par plusieurs prix. Les lunettes de sommeil est son deuxième roman après Doux comme le silence, première enquête de l’inspectrice Alice Ginier, parue chez le même éditeur.
Les lunettes de sommeil
Raphaël Guillet
264 pages
Éditions Favre, 2022
TRAILER – Les lunettes de sommeil de Raphaël Guillet
6 commentaires
donc c’est mieux de lire ce polar que de prendre un stilnox ?
Totalement !
C’ est hélas parfois la réalité
Et dans cette enquête, l’histoire nous fait voyager.
il me tente bien je vais voir merci du ressentis. Très bonne année a venir Bernie
Bonne lecture.