Au départ de ce 23ème livre, Nathalie Rheims redécouvre, au fond d’une boite, un Polaroid pris par sa sœur Bettina à la fin des années 70.
Au long des jours
C’est un vif plaisir de lecture en ce début d’année de retrouver la plume fine, subtile et touchante de Nathalie Rheims. J’ai découvert cette auteure lors de la lecture de son dix-neuvième livre, Ma vie sans moi, un roman où Nathalie Rheims s’abandonnait plus que jamais, et poursuivait la démarche entreprise dans Laisser les cendres s’envoler (2014) et Place Colette (2016), deux romans publiés aux Éditions Léo Scheer.
Ensuite, je l’ai retrouvée au travers de Danger en rive, son 22ème livre, où Nathalie Rheims plonge le lecteur dans une intrigue où le pouvoir de l’écriture devient une arme destructrice.
Aujourd’hui, c’est donc son 23ème que je viens de refermer, et j’ai une nouvelle fois appréciée la plume, l’écriture pleinement maîtrisée de Nathalie Rheims qui rend la lecture particulièrement agréable.
Sur la photo retrouvée, on voit Nathalie à l’âge de 18 ans, aux côtés d’un homme plus âgé, aux cheveux noirs et bouclés, qui affiche un large et irrésistible sourire. Il nous semble d’ailleurs reconnaître son visage…
Effectivement l’homme sur la photo de couverture, il me semble qu’il s’agit du chanteur, compositeur, parolier, acteur et écrivain Marcel André Mouloudji. Mais, est-ce bien lui ? un indice, peut-être, le titre du livre est aussi le titre d’une chanson de Mouloudji…
L’écrivain sent alors remonter en elle les émotions qu’elle a traversées au cours de sa relation amoureuse, qui aura duré un an, avec cet artiste hors du commun.
Ce texte n’est pas un récit biographique, mais bien un roman, puisque l’approche littéraire de Nathalie Rheims est à la fois subjective et impressionniste, et que jamais le nom de cet homme n’est prononcé.
Et pourtant, il est là, derrière chaque ligne, irradiant l’écriture de sa présence magnétique, pareil à celui qu’il est resté dans nos mémoires, symbole de cette époque si lointaine et pourtant si proche, où l’esprit de révolte et l’âme poétique régnaient sur les cœurs.
Nathalie Rheims nous conte une passion au travers d’un immense flot émotionnel, c’est un pur régal.
Extrait
« Je vis avancer, vers moi, une silhouette étrangement familière. Il avait le sourire le plus beau, le plus franc, le plus charmant de tous ceux qu’il m’avait été donné d’apercevoir. Il n’était pas grand, habillé tout en noir ; je regardais fixement ses cheveux, qui l’étaient tout autant, d’un noir de jais, denses, épais, ondoyant sous la lumière. Il me tendit la main, et me dit qu’il avait beaucoup aimé le spectacle. Que ma présence l’avait à la fois ému et impressionné. Je n’en revenais pas d’entendre ces mots, si gentils, manifestement sincères, et remplis d’une douceur insaisissable. Je ne savais comment lui répondre, sinon par des « merci », comme si j’avais été transformée en jouet mécanique. Je pris une grande aspiration pour lui dire d’une traite, à mon tour, que j’adorais ses chansons, que « Faut vivre » était ma préférée, que je la connaissais par cœur :
Malgré le cœur qui perd le nord
Au vent d’amour qui souffle encore
Et qui parfois encore nous grise
Faut vivre »
Nathalie Rheims, l’auteure
Nathalie Rheims est écrivain. Au long des jours est son 23ème livre.
Au long des jours
Nathalie Rheims
176 pages
Éditions Léo Scheer, 2023
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la rencontre de deux artistes
Oui, sans jamais prononcer son nom.