Le Serpent majuscule, est le dernier polar publié de Pierre Lemaitre, et pourtant, il s’agit du premier ! Voici mes trois raisons de lire ce polar à la fois drôle, immoral et réjouissant.
1985
Pierre Lemaitre a choisi l’année 1985 comme année de l’action de son polar. C’est l’occasion de replonger dans une année qui semble appartenir à une autre époque. Pour ceux qui n’étaient pas nés, vous devez oublier les téléphones portables, les réseaux sociaux, les GPS, les caméras de surveillance, l’ADN ou encore les fichiers centralisés… Mais vous pourrez découvrir, ou revivre le plaisir des cabines téléphoniques, des enquêtes à l’ancienne, d’une AMI 6 ou d’une Renault 25.
Les personnages
Dans Le Serpent majuscule, Pierre Lemaitre, comme à son habitude maltraite ses personnages parce que le monde sait se montrer parfaitement injuste, alors pourquoi un auteur prendrait-il des gants ? Les personnages ont tous de l’épaisseur, en particulier Mathilde, une vieille dame ronde à qui on donnerait le bras pour traverser la rue en toute sécurité, mais qui manie plus le Luger, entre autre arme à feu, que le balai…
Le dernier
En préambule, Pierre Lemaitre précise que Le Serpent majuscule est là pour remercier ses fans de polar en leur " offrant " son tout premier manuscrit en guise d'adieu à ce genre. Un genre qu’il ne renie pas et qui lui a permis de devenir ce qu'il est. N’oublions pas que Pierre Lemaitre fait partie des lauréats du très prisé prix Goncourt, et plus précisément en 2013 pour «Au revoir là-haut».
Et pour ce dernier, qui était un premier, Pierre Lemaitre s'en donne à cœur joie et nous offre un roman noir, truculent et plein d'humour.
Un peu plus
C’est toujours un vrai plaisir de lire la plume de Pierre Lemaitre. Il nous livre un roman qu’il n’a quasiment pas retouché, et c’est sans doute ce qui en fait aussi sa force, il est dans le jus de 1985 et ça sonne juste.
Parmi les personnages, l’inspecteur René Vassiliev sort aussi du lot. Il est très grand, voûté, timide avec les femmes, compétent, souffre-douleur de son chef et habite 21 avenue Jean Jaurès à Aubervilliers. Ayant passé mes vingt premières années à Aubervilliers, c’est une artère que je connais particulièrement bien. L’avenue Jean Jaurès est la limite entre Aubervilliers et Pantin. Les numéros pairs du côté de Pantin, Les numéros impairs du côté d’Aubervilliers… Pierre Lemaitre ne s’est pas trompé. D’ailleurs, aujourd’hui, c’est le restaurant Villa Pouget qui est mentionné au-dessus de la porte cochère. Pourquoi le choix de cette adresse, c’est une question que je poserai volontiers à Pierre Lemaitre.
« Avec Mathilde, jamais une balle plus haute que l’autre, du travail propre et sans bavures. Ce soir est une exception. Une fantaisie. Elle aurait pu agir de plus loin, faire moins de dégâts, et ne tirer qu’une seule balle, bien sûr. »
Dans ce réjouissant jeu de massacre où l’on tue tous les affreux, Pierre Lemaitre joue en virtuose de sa plume caustique. Avec cette œuvre de jeunesse inédite, il fait cadeau à ses lecteurs d’un roman noir et subversif qui marque ses adieux au genre. Dialogues cinglants, portraits saisissants, scénario impitoyable : du pur Pierre Lemaitre.
Auteur de romans noirs et romans policiers (Robe de marié, Alex, Sacrifices, Trois jours et une vie) Pierre Lemaitre est unanimement reconnu comme un des meilleurs écrivains du genre. En 2013, il obtient le prix Goncourt pour Au revoir là-haut.