Jeanne-Marie Guyon vécut radicalement en Dieu. Elle déchaîna les foudres de la morale ecclésiastique. On la jeta en prison. On censura ses écrits. Dans une langue sensible et ciselée, Caroline Boidé nous offre ici le portrait d’une femme fière et fougueuse. Un livre-miroir.
L’excès pour mesure
Trouble-fête dans le paysage des réalistes et des tenants de la raison, Jeanne-Marie Guyon ne fut ni théologienne, ni politique, ni conventionnelle, ni strictement catholique, ni même féministe. Elle avait la liberté et l’oraison passive pour boussole.
En privilégiant le don de soi et l’esprit d’enfance pour atteindre le divin, elle excita les avides de pouvoir, les férus de possession. En affirmant sa croyance en l’égalité en Dieu et en encourageant une relation directe avec lui, elle déchaîna les foudres.
Disgraciée après avoir été bien en Cour, peu disposée à transiger avec les puissants, elle fut traînée dans la boue, accusée de toutes les débauches. On la calomnia, la persécuta. Ses écrits brûlants comme un feu à vif furent censurés.
Admirateur de l’action spirituelle de Jeanne-Marie Guyon, Fénelon refusera de s’allier au désaveu public. A coups de publications, il croisera le fer avec Bossuet. Interdit à la Cour, il montera au créneau, portant le combat jusqu’aux oreilles du pape.
Qu’importe ! On jettera Jeanne-Marie Guyon en prison. Sa langue sauvage sera considérée comme une hérésie. Sa condamnation et la disgrâce de Fénelon sonneront le glas des mystiques, des grands inspirés.
Il fallait une poète pour parler d’une ardente. D’une langue sensible et ciselée, Caroline Boidé offre le portrait d’une femme subtile, fière, fougueuse qui nous rappelle combien Dieu s’éprouve charnellement. Elle célèbre l’audace, la profondeur et l’indépendance d’esprit de celle qui fut passée sous silence. À travers un récit personnel et enlevé, elle nous invite à laisser le champ libre au contre-feu intérieur qui nous habite.
Ce livre vient vient combler un vide ; en effet, il y a très peu d’écrits sur Madame Guyon Pourtant, Madame Guyon est une figure centrale de la mystique du XVIIe siècle, mais elle est très mal connue.
L’ approche poétique et littéraire originale, font de ce livre un plaisir de lecture.
Caroline Boidé
Caroline Boidé est romancière et poète. Elle est l’auteure de romans : Comme un veilleur attend l’aurore, Les Impurs, et de recueils poétiques comme Pivoine aux poings nus et dernièrement Une femme en crue.
L’excès pour mesure
Caroline Boidé
231 pages
Editions du Cerf, 2022
4 commentaires
Cette femme est un peu comme Giordano Bruno ?
Je ne sais pas.
ils se seraient bien entendu avec Benoit XVI
Possible.