Pas sûr qu’il vienne. Nous avions convenu de nous retrouver là, dans cet appartement loué par lui. « Tu verras, c’est très grand », m’avait-il assuré…
Pas sûr
Je l’avais cru, comme je croyais à tout ce qu’il me disait. C’est vrai qu’il était grand. Et surtout vide. J’adore le vide. Avec le vide, tout reste à faire. Il faut bien le combler ! A deux, c’est mieux. C’est ce qu’on s’était dit avant d’aller plus loin dans notre relation.
Quand je dis relation…
Jamais là, toujours parti pour son travail. Moi à compter les jours, avec l’espoir qu’il se souvienne de moi. On se voyait de temps en temps. A la sauvette, si vous voyez…
D’aucuns font un enfant pour officialiser les choses. On s’était dit : « Si on vivait ensemble ? » Jusques là, tout était pour le mieux. Pour me prouver combien il tenait fort à une vie à deux, il a loué l’appart lui-même. Il m’a promis que c’était une surprise. Ç’en était une !
Quand le gars de l’agence m’a lâché, je suis restée toute seule.
A l’attendre, bien sûr.
J’y suis encore : j’attends.
J’ai pensé qu’il avait été retenu, qu’il avait oublié, qu’il aurait pu au moins m’appeler pour se décommander, que sais-je ?
Je me suis dit : j’attends encore une heure.
J’ai attendu.
Une autre encore.
Au soir, je l’attendais toujours. J’ai refermé la porte derrière moi en emportant la clé.
Demain, je le verrai, ai-je pensé. Il m’expliquera tout. En guise d’explication, je ne l’ai plus jamais revu !
A cette heure où j’écris, je sais qu’il a eu mille fois raison.
Pas sûr qu’on eût pu vivre plus de deux mois ensemble !
Une micro-fiction signée Yves Carchon, écrivain, auteur de
- "Riquet m'a tuer",
- "Vieux démons",
- « Le Dali noir »,
- « Le sanctuaire des destins oubliés »
Et de son dernier polar : Deborah Worse
8 commentaires
C’est l’a qu’elle a dit « sauve qui peut » ….
peut-être…
un drôle de loustic quand même
oui…
Toujours étrange…
sourire
Ah oui là c’était vraiment mal parti , l’angoisse de la relation a du le faire fuir au bout du monde .
je le pense aussi